Le Journal de Montreal - Weekend
Marc-André Lemieux
Le lancement d’une série aussi prestigieuse que Blue Moon, écrite par Luc Dionne ( Omertà) et réalisée par YvesChristian Fournier ( Tout est parfait), confirme la popularité croissante au Québec des alternatives au téléviseur... ou du moins aux chaînes conventionnelles.
Fabienne Larouche voit ces changements d’un bon oeil.
«Ça donne une chance de plus aux auteurs, aux réalisateurs, aux créateurs et aux acteurs de pratiquer leur métier, indique la productrice de Blue Moon. Avant, quand tu avais une série, c’était Radio-Canada ou TVA… Maintenant, tu peux te tourner vers Séries+, Bell, V… Les marchés s’ouvrent. Pour moi, c’est l’âge doré des séries télé. La preuve? J’en produis quatre cet été : 30 Vies et
Unité 9 à Radio-Canada, Blue Moon pour Club illico et Ruptures à Séries+.»
Selon Fabienne Larouche, la popularité croissante des Club illico, Netlfix, Amazon et autres plateformes internet ne menace aucunement la télévision traditionnelle.
«Quand la télévision est arrivée, on a dit : «Le cinéma va disparaître!» Quand internet est arrivé, on a dit : «La télévision va disparaître!» Moi, je pense qu’il y aura toujours une place pour une bonne histoire.»
« UN PUBLIC ASSOIFFÉ »
Karine Vanasse abonde dans le même sens que Fabienne Larouche. Selon la comédienne, les services de vidéo sur demande par abonnement en ligne répondent aux besoins changeants des téléspectateurs.
«Ce qu’il faut réaliser, c’est que les gens passent de plus en plus de temps à consommer des contenus de divertissement. On n’est pas en train de dire : «La télé se meurt.» La forme change, mais les gens n’ont jamais autant regardé de contenus devant un écran. Oui c’est vrai que maintenant, on veut regarder nos émissions quand on veut. Chez moi, j’ai ma télé par internet. Je n’ai pas le câble.»
En plus de favoriser le contenu de qualité, cette abondance de plateformes de diffusion permet à une plus grande va- riété d’oeuvres de briller, souligne Karine Vanasse.
«On est assoiffé, observe l’actrice. On parle de séries, on parle de documentaires… Ce n’était pas comme ça avant. Je regarde simplement tout ce qui se passe avec le documentaire sur Nina Simone sur Netflix. Autour de moi, tout le monde en parle. C’est le fun de voir que certains types de contenus prennent plus de place qu’avant. D’un autre côté, les gros événements rassembleurs sont plus populaires que jamais. Donc tout le monde y trouve son compte. Rien ne s’éteint pour que quelque chose d’autre s’allume.»
LE FUTUR ?
Témoin privilégié des premiers balbutiements de Club illico, Éric Bruneau dit être étonné du succès remporté par cette plateforme de diffusion depuis son lancement en février 2013. Vedette de
Mensonges, dont les deux premières saisons ont été diffusées en exclusivité sur Club illico, le comédien craignait – au départ – que personne ne voie la série de Gilles Desjardins.
«Je jouais dans Toute la vérité, rappelle l’acteur. Je voyais c’était quoi être à TVA à heure de grande écoute le lundi soir... Je croyais que Mensonges allait passer dans le beurre, mais les gens ont suivi. On m’en parlait dans la rue. Au Québec, on reste très accroché à TVA et Radio-Canada, mais on s’adapte aux différentes façons de regarder la télé.»
Les services de vidéo sur demande par abonnement comme Club illico, Netflix et compagnie sont-ils l’avenir du petit écran? Caroline Dhavernas croit que oui.
«C’est le futur. On ne peut pas se battre contre ça. Aujourd’hui, les gens se dirigent vers leur ordinateur, vers une façon de regarder la télé qui ne les oblige pas à être assis devant leur téléviseur à une heure précise une fois par semaine. Très peu de gens de ma génération le font.»