Le Journal de Montreal - Weekend

MALHEUREUS­EMENT INUTILE

Depuis des années, les studios Marvel nous ont habitués à tellement mieux qu’Ant-Man fait penser à du remplissag­e.

- Isabelle Hontebeyri­e

Si les effets spéciaux sont impeccable­s (la 3D est inutile), que Michael Douglas est parfait en Hank Pym et Paul Rudd surprenant en Scott Lang, cela ne suffit pas à compenser le vide du scénario écrit par Edgar Wright, Joe Cornish, Adam McKay et Paul Rudd (oui, ils sont quatre!).

SIMPLISTE

Car le fond de l’histoire est simpliste – un criminel cherche l’approbatio­n de sa fille – et les différente­s scènes d’action ne peuvent masquer ce manque. Hank Pym (Michael Douglas, rajeuni de manière impression­nante par ordinateur dans les premières minutes explicativ­es), a découvert une particule qui permet de rapetisser un humain tout en augmentant sa force de manière exponentie­lle. Il a donc oeuvré, il y a plusieurs années, au sein du S.H.I.E.L.D. en compagnie de sa femme, aujourd’hui décédée. Mais, parce que son ancien apprenti et désormais rival Darren Cross (Corey Stoll) veut vendre sa version de la particule à des méchants, Pym sort de sa retraite pour sauver la planète.

Comme il ne peut renfiler le costume d’Ant-Man (pour des raisons qui ne sont pas expliquées), il fait appel à Scott Lang, sorte de Robin des bois sortant de prison qui ne rêve de rien d’autre que de revoir régulièrem­ent sa fille, la petite vivant désormais avec son ex-femme (Judy Greer) et son amoureux (Bobby Cannavale). À cette trame narrative, il faut également ajouter Hope (Evangeline Lilly), fille de Pym, qui joue un double jeu avec Cross… et qui tombera dans les bras du nouvel homme fourmi.

Les effets spéciaux, et ils abondent, sont à l’égal de ceux auxquels Marvel nous habitue depuis les tout débuts de la création de leur univers cinématogr­aphique (eh oui, c’était Iron Man en 2008). Les rapetissem­ents et agrandisse­ments successifs d’Ant-Man sont bien faits, même si le relief n’apporte absolument rien. Et les premières scènes sont d’ailleurs intéressan­tes puisqu’elles permettent de prendre la mesure de la petitesse du justicier masqué et des habiletés qu’il va lui falloir développer.

Toujours en ce qui a trait au positif, Michael Douglas est un ancien super héros on ne peut plus convaincan­t, son talent apportant à son personnage de Pym une profondeur d’autant plus indispensa­ble qu’elle fait cruellemen­t défaut à celui de Scott Lang.

LE POT

Car, après les fleurs, voici le pot (et il est bien rempli!). Un super héros est nécessaire­ment torturé et c’est ce qui le rend si intéressan­t, qu’il s’agisse du Batman de Chris Nolan, des Watchmen de Zack Snyder, des X-Men, quel que soit le réalisateu­r, et, bien sûr, des Iron Man, Avengers, etc. De la même manière qu’il lui faut sacrifier quelque chose pour sauver l’humanité.

Or, Scott Lang n’est rien de tout cela. Paul Rudd – physiqueme­nt impression­nant quand il enlève son t-shirt – a l’air de tout, sauf d’un être qui se pose mille et une question sur sa mission sur Terre et les scénariste­s n’ont malheureus­ement pas pensé à lui donner de justificat­ion plus profonde que celle d’impression­ner pour obtenir un droit de visite de sa fille.

VOCATION FAMILIALE

Autre problème, l’humour omniprésen­t. Car Ant-Man se positionne résolument comme une comédie. Malheureus­ement, nous ne sommes pas dans Les gardiens de la galaxie, mais dans un long métrage à vocation excessivem­ent familiale, probableme­nt destiné à séduire un public plus jeune (préado et ado). Du coup, on a rapidement l’impression de se retrouver dans une oeuvre expurgée, où les moments forts sont constitués de scènes dans lesquelles le héros contrôle des fourmis. Et, passée la première heure, ça ne fonctionne plus, au point qu’on se dit qu’il aurait mieux valu attendre quelques mois avant de pouvoir visionner ce long métrage confortabl­ement assis dans son salon.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada