Le Journal de Montreal - Weekend

EMMA S’ENNUIE ET NOUS AUSSI…

- Isabelle Hontebeyri­e Film de Sophie Barthes. Avec Mia Wasikowska , Ezra Miller et Logan Marshall-Green.

Pauvre Emma Bovary. L’héroïne de Gustave Flaubert n’est pas rendue à son meilleur dans ce Madame Bovary de Sophie Barthes avec Mia Wasikowska.

C’est dommage de constater à quel point ce Madame Bovary est ennuyeux, comme si le personnage de Flaubert ne pouvait exister que sur papier et que toute sa complexité était impossible à rendre sur grand écran.

Le long métrage s’ouvre – bizarremen­t, puisque rien ne justifie cet artifice – sur la mort d’Emma Bovary (Mia Wasikowska), son histoire n’étant qu’un retour en arrière. On la voit alors jeune et insouciant­e dans un couvent, apprenant les bonnes manières de l’époque. Mariée par son père (horreur! Olivier Gourmet qui parle anglais avec un accent à couper au couteau!) à Charles Bovary (Henry Lloyd-Hughes), un médecin de province terne et inoffensif, Emma attend beaucoup de ce mariage. Mais la réalité de la vie à Yonville, le petit village de Normandie, la rattrape bien vite.

ÉLÉMENTS CLÉS MANQUANTS

Elle n’a rien à faire, les journées s’écoulent toutes de la même manière. Charles s’en va effectuer la tournée de ses patients ou en reçoit chez lui, et Emma reste seule à lire (et surtout à ne rien trouver à faire), ses velléités de cuisine ayant été oblitérées par son époux dès leur premier souper.

Le marchand, Monsieur Lheureux (Rhys Ifans) – sorte de magasin général de luxe à lui tout seul –, vient la tenter, lui mettant sous le nez les plus belles robes, mais aussi des meubles, bijoux et bibelots recherchés, sans succès. Emma résiste donc à la tentation, bien décidée à se comporter comme une épouse modèle du XIXe siècle.

Mais l’ennui, le froid et la pluie finissent par avoir raison de ses bonnes résolution­s. Elle commence donc – comme toutes les femmes frustrées de l’époque – par se prendre un amant, le marquis d’Andervilli­ers (Logan Marshall-Green). Mais elle attend trop de cet homme, qui n’est pas disposé à lui donner quoi que ce soit, et surtout pas à se compromett­re en s’enfuyant avec elle. Alors Emma s’achète des robes, refait la décoration de la maison, dépense sans compter et pousse son mari – avec l’aide de l’un de ses amis, Monsieur Homais (Paul Giamatti) à pratiquer une opération qui échoue. Elle tombe donc dans les bras de Léon (Ezra Miller), un étudiant en droit. Or, quand Monsieur Lheureux engage des poursuites légales pour se faire payer, Emma se suicide.

Ceux qui connaissen­t le roman de Flaubert ne manqueront pas de s’étonner de la disparitio­n de plusieurs éléments clés. Toute l’anticipati­on d’Emma à la pensée de son mariage est absente, de même que Berthe, fille d’Emma et de Charles.

SUBTILITÉ ABSENTE

Mais ce n’est pas tout ce qui manque de ce long métrage. La subtilité d’Emma est absente, la cinéaste et Mia Wasikowska (qui, pour une fois, joue bien mal) en faisant un personnage antipathiq­ue, qui ne génère pas une once de compassion. Cet énième Madame Bovary ne mérite pas de détour.

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