Le Journal de Montreal - Weekend
UN PETIT FESTIVAL DEVENU GRAND
Le festival Osheaga fête ses 10 ans cet été. Pour cette édition anniversaire, l’organisation de l’événement montréalais a décidé de rester dans la continuité des années précédentes au lieu d’amputer son budget avec des têtes d’affiche trop onéreuses.
Au sein de l’équipe d’Osheaga, pilotée par le promoteur evenko, le mot d’ordre est le même depuis 2006: prioriser une programmation complète intéressante au lieu de simplement se concentrer sur quelques grands noms. Et cela a rapporté. L’an dernier, ce sont 135 000 festivaliers, la capacité maximale du site du parc Jean-Drapeau, qui ont assisté aux trois jours de l’événement.
Pour ce dixième anniversaire, on aurait pu croire que l’équipe d’Osheaga allait essayer d’inviter quelques têtes d’affiche de plus grande envergure que les années précédentes.
«Mais ça n’a jamais vraiment été le but», reconnaît Nick Farkas, vice-président aux concerts et événements chez evenko et programmateur d’Osheaga. «Nous avons quelques spectacles qui sont exclusifs au Canada ou dans la région, mais sinon, nous préférons avoir un bon line-up du début à la fin.»
RÉPUTATION ENVIABLE
Contrairement à d’autres festivals, comme le Festival d’été de Québec, Osheaga ne paie pas davantage les artistes pour s’assurer d’avoir une exclusivité territoriale. Et Nick Farkas assure que la politique du festival ne changera pas. «Si on dépense trop d’argent pour les têtes d’affiche, tu n’auras pas First Aid Kit sur la dixième ligne de la programmation du festival. On s’est aussi rendu compte, les autres années, que d’avoir une plus grosse tête d’affiche ne faisait pas vraiment vendre plus de billets.»
Après neuf éditions, la réputation d’Osheaga est déjà très enviable au Canada, et même en Amérique du Nord. «Il y a maintenant une attente, un certain niveau de qualité de production, de scène, de son, d’éclairage», dit Nick Farkas. «On sait qu’il y a des spectateurs qui viennent chaque année, quels que soient les artistes à l’affiche. Mais on n’est pas Glastonbury ou Coachella, qui sont complets dès que leur program- mation est annoncée. Nous, on a beaucoup de travail à faire.»
GRANDE COMPÉTITION
Et malgré l’excellente progression d’Osheaga depuis ses débuts, ce qui pourrait nuire à l’événement québécois est la multitude de festivals musicaux qui ont vu le jour dans d’autres grandes villes canadiennes et américaines, au cours des cinq dernières années. «Il y a maintenant une énorme quantité de festivals, mentionne Nick Farkas. «On a toutefois l’avantage d’avoir une réputation. Convaincre les gens de venir à Montréal n’est pas difficile.»
Avec de nouveaux festivals à «proximité» comme le Governor’s Ball, à New York, et WayHome, à Toronto, l’équipe d’Osheaga pensait perdre plusieurs spectateurs de l’extérieur du Québec, cet été, ce qui n’est pas arrivé. «On a beaucoup visé les États-Unis, cette année, et on a une augmentation de 5 % pour l’instant», indique Nick Farkas.
Oui, la faiblesse du dollar canadien a probablement fait pencher la balance, pour les festivaliers américains. «Chaque fois que le dollar baisse, on voit une différence. Mais pour nous, ça crée de nouveaux défis, car il y a moins de marge pour payer des artistes de talent.»
« RADIOHEAD EST UNE PRIORITÉ »
De son propre aveu, Nick Farkas ne pensait jamais que le festival Osheaga allait grandir aussi rapidement. Pour la première édition, à peine 15 000 personnes s’étaient déplacées pour les deux jours de l’événement. «Quand je vois ce que c’est devenu aujourd’hui, ç’a dépassé mes attentes de dix fois.»
Quels artistes rêvent-ils d’inviter les prochaines années? «Radiohead, pour moi, ç’a toujours été une priorité. On les avait manqués de deux jours, à la troisième édition. On ne lâchera pas. Sinon, The Smiths, ce serait intéressant. Pixies et Depeche Mode, on ne les a pas encore eus. Et Portishead, on a failli les avoir cette année.»