Le Journal de Montreal - Weekend

LES LIEUX SOMBRES

Dans Les lieux sombres, Charlize Theron incarne une femme traumatisé­e par les meurtres qu’elle a vus alors qu’elle n’avait que huit ans, une situation qui n’est pas sans rappeler ce qu’elle a elle-même vécu à l’adolescenc­e.

- Isabelle Hontebeyri­e Agence QMI

Les lieux sombres, roman paru en 2009, a été écrit par Gillian Flynn, l’auteure du succès de librairie Les apparences, porté au grand écran l’an dernier par David Fincher avec Ben Affleck et Rosamund Pike dans les rôles principaux.

Dans ce nouveau suspense, Flynn se penche sur un meurtre particuliè­rement sordide qui s’est déroulé en 1985. À l’époque, Libby Day (incarnée, adulte, par Charlize Theron) assiste au meurtre sordide de toute sa famille, sa mère et ses soeurs étant tuées par un assassin de 16 ans dans une ferme du Kansas. Le témoignage de la fillette désigne son frère, Ben (Corey Stroll) comme le meurtrier de ce qu’elle pense être un crime commis par une secte satanique.

Plus de 25 ans après les événements horribles, des passionnés de faits divers réunis dans le groupe «The Kill Club» veulent faire la lumière sur les événements, bien décidés à prouver l’innocence de Ben. Libby débute alors une plongée dans ses souvenirs afin de les aider à faire toute la lumière sur la tragédie.

Originelle­ment, c’est Amy Adams qui devait tenir le rôle de Libby Day, mais la comédienne de Les grands yeux a dû se désister en raison de son emploi du temps et le rôle a donc échu à Charlize Theron.

Pour le réalisateu­r français Gilles Paquet-Brenner, tel qu’il l’indique dans les notes de production du long métrage, Libby «est une femme qui s’est considérée toute sa vie comme une victime – ce qu’elle est par ailleurs –, mais qui est rongée par un phénomène totalement inconscien­t: elle se demande si les événements qui ont brisé son enfance et envoyé son frère en prison ont vraiment eu lieu comme elle les a décrits».

ÉNIGME NON RÉSOLUE

«Elle s’est construit sa vision du monde sur cette énigme non résolue, et la dernière chose qu’elle souhaite, c’est qu’on rouvre l’enquête. C’est un processus d’une violence abyssale pour elle: la perspectiv­e de se replonger dans ses mensonges potentiels est une souffrance d’une brutalité féroce. D’ailleurs, l’excuse qu’elle se trouve pour enquêter sur les meurtres, c’est de se faire payer. Mais plus profondéme­nt, elle est dans une telle impasse psychologi­que que pour sa survie mentale elle est obligée d’aller puiser au fond d’elle-même pour affronter la vérité.»

L’écrivaine Gillian Flynn voit également Libby comme un personnage complexe. «Je me suis rendu compte qu’en subissant un tel traumatism­e, on ne grandit pas. Du coup, Libby est restée prisonnièr­e de cette époque-là, parce qu’elle a refusé de regarder en face ce qui s’est réellement passé cette nuit-là et d’affronter ses démons intérieurs», a-t-elle indiqué.

APPRÉCIER LES PERSONNAGE­S COMPLIQUÉS

Charlize Theron, oscarisée pour son interpréta­tion d’une meurtrière dans

Monstre, l’a avoué sans détour. «J’aime les personnage­s compliqués. Et il y a quelque chose chez Libby… elle ne rend pas les choses faciles.»

Lors de son passage à l’antenne de la chaîne de télévision TF1 au moment de la sortie de Les lieux sombres en France, l’actrice sud-africaine a rappelé les tristes événements survenus quand elle avait 15 ans. En effet, Gerda, la mère de Charlize Theron a tué Charles, son père, quand ce dernier, sous l’emprise de l’alcool, a menacé Gerda et Charlize avec une arme à feu. La justice sud-africaine a conclu à la légitime défense et la mère de l’actrice a été innocentée.

«En effet, je dois reconnaîtr­e que [le film] fait écho à un événement, une expérience traumatisa­nte de ma vie et qui a contribué d’une manière ou d’une autre à faire de moi qui je suis, a-t-elle déclaré au micro de TF1. Dans le film, mon personnage traverse cette épreuve quand elle a huit ans et le propos du film est de voir l’impact d’un tel traumatism­e sur une enfant, particuliè­rement quand on attend d’elle qu’elle en parle.»

«Et c’est précisémen­t quelque chose qui me parle, que j’ai vécu dans ma vie, si tenté que ces événements soient comparable­s, d’un côté il y a un meurtre mystérieux [dans “Les lieux sombres”] et dans mon cas, il s’agit d’une situation malheureus­e de légitime défense.»

«Quand on vit un traumatism­e, on parvient à le dépasser en développan­t des mécanismes de survie, et la façon dont ces réflexes se manifesten­t n’est pas toujours idéale, ni même agréable, humainemen­t parlant. On peut, par exemple, se renfermer, devenir dure et être distante. C’est un mécanisme de défense, de protection qui, je pense, est issu de la peur. C’est passionnan­t d’explorer un tel personnage, parce que c’est vrai. C’est d’ailleurs extrêmemen­t rare de voir de tels personnage­s féminins au grand écran», a-t-elle ajouté.

Les lieux sombres arrive dans les salles obscures le 7 août.

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