Le Journal de Montreal - Weekend

BONHEUR ARTIFICIEL

selon Louis Morissette

- Véronique Harvey Le Journal de Montréal

Encouragés à faire l’étalage de nos petites joies quotidienn­es sur les réseaux sociaux, nous sommes devenus de véritables consommate­urs de bonheur artificiel. Mais le bonheur véritable, lui, où se cache-t-il? Et la «vraie vie», dont tout le monde parle, existe-t-elle vraiment? C’est de cette prémisse que s’est inspiré Louis Morissette pour l’écriture de son tout premier film, Le Mirage.

«Sur Instagram, Facebook et compagnie, c’est toujours une représenta­tion positive de ce qu’on est», explique d’entrée de jeu l’acteur, comédien et scénariste Louis Morissette. «C’est certain que celui qui n’est pas heureux et qui passe sa vie à regarder des photos de voyages, d’autos neuves et de piscines creusées sur les réseaux sociaux va finir par se dire que sa vie, c’est de la marde! Mais en vrai, chacune de ces personnes a des hauts et des bas. On vit beaucoup à travers les autres aujourd’hui et c’est exactement ça, le bonheur artificiel : de chercher sa satisfacti­on personnell­e dans le regard des autres.»

Avec ce bonheur artificiel vient également le mirage de la consommati­on, qui nous pousse à consommer, dans le but de panser nos plaies. Rares sont ceux qui ont vu leurs problèmes disparaîtr­e par enchanteme­nt au retour d’une semaine de vacances dans le Sud, achetée sur un coup de tête à la suite d’une chicane avec leur patron, mais on finit tous par se laisser tenter...

«Moi, j’ai la chance d’avoir un travail qui me passionne et qui me motive jour après jour», poursuit le mari de Véronique Cloutier. «On passe tellement d’heures au travail dans une vie que si tu n’aimes pas ce que tu fais, c’est long longtemps. Je travaille donc beaucoup, peutêtre même trop, mais plus ça va, moins j’ai de temps et d’intérêt à dépenser dans ces petites niaiseries qui dopent ma vie. Mais je ne suis pas à l’abri. Ça m’est arrivé de dire “d’la marde, je m’achète un

spa” et de réaliser ensuite que ça fait trois mois que je n’ai pas mis les fesses dedans, donc qu’il finit par coûter cher pour rien le foutu spa!»

A priori, tout a commencé par une réflexion. Une réflexion qui a fait son chemin jusque dans les cabinets de psychologu­es et de sexologues, dans le but de comprendre pourquoi on agit ainsi. Pourquoi tant de gens sont-ils malheureux? Pourquoi les cas de burnout ne cessent-ils d’augmenter? Une réflexion qui a mené à un film lourd de vérité.

«Il y a des gens qui préfèrent prendre une pilule pour se mettre sur le pilote automatiqu­e et traverser la crise, plutôt que de se poser les vraies questions et d’agir. Moi, je ne comprends pas ça! Il y a des contextes et des situations difficiles dans la vie que je comprends très bien, mais pour certains, le meilleur remède serait de changer de job et de laisser leur femme et leurs enfants derrière. C’est plate, c’est dur, mais c’est ça! Se lancer dans le vide, c’est épeurant, mais parfois, c’est inévitable…»

En fait, Morissette abonde dans le sens de l’adage qui stipule que nous sommes l’artisan de notre bonheur.

«Je ne veux pas avoir l’air d’un mauvais conférenci­er, mais tu ne peux pas toujours tenir les autres responsabl­es de ton malheur. Quand tu as un enfant autiste, j’avoue que la vie t’a envoyé une balle courbe, mais de façon générale, on est l’artisan de notre bonheur, parce qu’on a les moyens et les outils pour aller le chercher», explique-t-il.

QUESTION DE VALEURS

La question de la «vraie vie» est soulevée à quelques reprises dans le film Le Mirage, mais chacun semble avoir sa propre définition et l’utiliser comme bon lui semble.

«La vraie vie dépend toujours de nos valeurs», s’exclame Louis Morissette. «On dirait qu’on sort ça juste quand ça ne fait pas notre affaire, quand quelqu’un vit contrairem­ent à nos principes. Il y a souvent un gros jugement qui vient avec ça aussi, comme si plus tu as du trouble, plus tu es près de la vraie vie, mais la vraie vie, ce n’est pas nécessaire­ment la misère… En fait, je ne sais pas ce que ça veut dire vraiment, mais de façon générale, on est tous dans la vraie vie et on la vit tous différemme­nt.»

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Le Mirage
Sortie du film Le Mirage

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