Le Journal de Montreal - Weekend
MUSIQUE D’ÉTÉ EN HIVER
Pour son nouvel album, le dixième de sa carrière, le DJ montréalais Poirier a voulu proposer de la musique de party, mais aussi quelques pièces à caractère social. Discussion avec l’artiste qui roule sa bosse depuis déjà 15 ans.
DJ de profession, Poirier a souvent conçu de la musique en pensant aux pistes de danse, à ce qui faisait se trémousser les gens. Pour son nouveau disque, Migration, il a voulu opter pour une structure plus traditionnelle de chanson, en se concentrant sur les mélodies.
«Je me suis inspiré de la musique reggae. Ce sont de bonnes chansons sur lesquelles on peut danser, mais ce n’est pas nécessairement de la musique de club», dit-il.
C’est en pensant à la musique des Caraïbes et à l’énergie positive qui s’en dégage que le DJ a amorcé son travail de création. Qui dit musique des Caraïbes dit nécessairement chaleur et soleil. Poirier a-t-il voulu faire un album d’été en plein hiver? «Quand on fait de la musique d’été, il n’y a pas de mauvais moment pour lancer ça, répond-il. Ça fait toujours du bien. On devrait toujours faire de la musique d’été!»
PROCESSUS PLUS LONG
Sur chacune des 11 pièces de Migration, on retrouve des collaborateurs différents, de Face-T à Fwonte, en passant par Red Fox, MC Zulu, Dubmatix et Riddim Wise. Ce procédé a nettement allongé la période de création du disque, qui s’est étalée sur un an et demi. «Ce n’est pas un disque qui a été fait dans un chalet pendant deux semaines, dit Poirier en riant. Le travail a été un peu plus long que pour mes autres albums. C’est un processus qui a été long à démarrer.» Il s’est assis avec plusieurs collaborateurs pour développer avec eux les idées mélodiques. «Ce sont ensuite eux qui ont écrit les paroles des chansons. C’est pour ça que j’ai pris des auteurs-interprètes.»
EXPÉRIENCE ENRICHISSANTE
Poirier indique avoir rassemblé tous ces talents parce qu’il ne chante pas lui-même. «Si je voulais chanter aussi bien qu’eux, il faudrait que j’attache ma tuque! C’est un très bel avantage d’avoir autant de talents sur le disque. Dans toutes ces collaborations-là, ça m’a permis de trouver des ambiances musicales que je n’aurais pas atteintes tout seul. Ç’a été une expérience enrichissante. Ça rend humble de constater ses limites.» Instinctivement, Poirier a décidé d’appeler son album Migration, car c’est ce qui se dégageait lorsqu’il pensait à ses collaborateurs. «Il y a aussi la crise migratoire qui se poursuit. Je lisais les journaux et ça me préoccupait.»
Sur le disque, certaines pièces ont des textes plus conscientisés, comme Likkle Money et Universal Peace. «J’aime que sur un album, il y ait des chansons de party et d’autres plus conscientisées. Il y a moyen de faire des pièces accrocheuses avec du contenu.»
AU CINÉMA
Cet hiver, en plus de présenter sa musique sur scène, Poirier est aussi présent dans les salles de cinéma, avec le film de Denis Côté, Boris sans Béatrice.
«Il y a quelque temps, j’étais en avion et j’avais regardé deux films de Denis Côté coup sur coup, dit-il. Je trouvais que l’impression qui s’en dégageait me faisait penser à mon projet de musique atmosphérique, Boundary. J’ai écrit à Denis pour le lui dire. Il m’est revenu un an plus tard en m’invitant à faire la musique de son film. Je ne me considère pas comme un musicien de film, mais s’il y a d’autres opportunités comme celle-là qui se présentent, ça va certainement m’intéresser.» Le nouvel album de Poirier, Migration, est présentement sur le marché. poiriersound.com.