Le Journal de Montreal - Weekend
EXCELLENT ETHAN HAWKE
Ethan Hawke est impressionnant dans cette version mi-vraie mi-imaginée du jazzman Chet Baker.
Born to be Blue, scénarisé et réalisé par le Canadien Robert Budreau, n’est pas un film biographique comme les autres. Plutôt qu’une histoire linéaire sur la vie de Chet Baker, le cinéaste nous entraîne dans un exercice qui rappelle parfois l’étrange I’m Not There (2007) de Todd Haynes.
Italie, 1966. Chet Baker (Ethan Hawke) croupit dans une prison, victime d’hallucinations lorsqu’un réalisateur hollywoodien le ramène au pays pour lui donner son propre rôle dans un long métrage biographique. Puis, premier retour dans le temps – en noir et blanc – en 1954, alors que Chet Baker joue au Birdman de New York devant Miles Davis (Kedar Brown).
DROGUE, SEXE... ET BLUES
Évidemment, un long métrage sur Chet Baker ne peut pas passer à côté de la dépendance de l’homme à l’héroïne – ce qui est amplement montré — ni de son amour des femmes, le personnage de sa petite amie Jane (Carmen Ejogo) étant une mosaïque de plusieurs des amours du trompettiste.
Difficile de démêler le vrai du faux dans Born to be Blue, Robert Budreau n’ayant jamais voulu présenter une biographie au sens strict du terme. Le moment (vrai) où Chet, victime de son vendeur de dope, perd ses dents est également montré, bien que la raison première de cette agression n’ait jamais été clairement établie. De la même manière, le producteur Dick Bock (incarné par le Canadien Callum Keith Rennie, bien connu pour ses rôles dans Californication ou Battlestar Galactica), a bel et bien existé; reste à savoir si sa relation avec Chet est bien celle décrite dans le film.
Mais une fois qu’on cesse de vouloir absolument faire des liens avec la réalité, Born to be Blue s’impose comme un long métrage poétique, fonctionnant par petites touches (ou notes, afin de demeurer dans le sujet), qui nous permet de saisir l’âme de Chet Baker. Remarquablement bien filmé et joué – tous les acteurs sont parfaits, Ethan Hawke méritant une mention spéciale –, Born to be Blue est évidemment aussi une oeuvre pour les mélomanes qui apprécieront le rendu du son si particulier de Chet Baker.