Le Journal de Montreal - Weekend

Les aventures du poisson amnésique

Il aura fallu près de 15 ans à Pixar et Disney avant de replonger dans le monde sous-marin de Trouver Némo.

- Isabelle Hontebeyri­e

Cette fois-ci, le réalisateu­r Andrew Stanton propose les aventures de la fameuse Doris, ce poisson multicolor­e drôlement amnésique, dont la voix originale est toujours doublée par Ellen DeGeneres; et par Anne Dorval dans la version présentée chez nous! C’est parce qu’Andrew Stanton, scénariste et réalisateu­r de Trouver Némo, se posait la question de ce qu’il advenait de Doris qu’il a décidé de se lancer dans une suite. «J’étais inquiet pour elle. Le fait qu’elle perde la mémoire à court terme n’avait pas été abordé, de manière détaillée, résultat, on ne savait pas ce qui se passerait si elle se perdait à nouveau», at-il expliqué, de sa démarche de base. «Dans Trouver Nemo, elle était un peu unidimensi­onnelle. J’ai également constaté que, même si j’avais une idée de son passé dans mon esprit, personne d’autre n’était au courant, pas même les admirateur­s. Tout le monde est sorti de Nemo avec le souvenir d’une Doris extrêmemen­t drôle, mais ce n’est qu’une illusion. Il fallait donc que je raconte aux cinéphiles ce qui lui était arrivé quand elle était petite.»

N’EST PAS POISSON QUI VEUT…

Stanton a alors imaginé que Doris se souvenait d’avoir une famille. Le canevas de base de Trouver Doris a alors été évident: sa famille pourrait toujours la chercher et elle demande donc à Némo (Hayden Rolence) et Marlin (Albert Brooks) de l’aider. Le trio traverse l’océan et se retrouve au Marine Life Institute (MLI) en Californie. Là, Doris recrute Hank (Ed O'Neill), une pieuvre à qui il manque un tentacule, Bailey (Ty Burrell), un béluga, et Destiny (Kaitlin Olson), un requin pour lui permettre de retrouver ses parents. S’il y a bien quelque chose qui a toujours surpris Ellen DeGeneres, c’est l’impact de Doris sur le public. «Je suis toujours impression­née de voir à quel point les gens l’aiment. [Trouver Doris] est une histoire sur la famille. C’est également l’histoire de quelqu’un qui trouve le courage de faire quelque chose qu’elle a toujours voulu faire, même si elle ne s’en souvient pas!»

Pendant plus d’une décennie, l’animatrice, actrice et humoriste n’a jamais fait mystère de son intérêt à doubler Doris de nouveau. «Je demande une suite à Trouver Némo depuis 13 ans!, a-t-elle dit. Mais je n’avais jamais imaginé que ce serait

Trouver Doris et que j’en serais le personnage principal. J’ai été tellement surprise lorsque j’ai reçu un appel me demandant si je voulais participer à cette suite.»

«Oui, doubler un film d’animation est très amusant. Mais c’est aussi particuliè­rement difficile, parce qu’il faut vraiment que chaque émotion paraisse dans la voix. On ne peut pas simplement faire semblant de pleurer, parce que, sinon, le public s’en rendra compte. Tout est vrai!»

SOUVENIRS ENFOUIS

Victoria Strouse, qui a collaboré à l’écriture du scénario, a détaillé que «le mystère de la mémoire est un élément extrêmemen­t important de ce deuxième volet. Les souvenirs de Doris sont enfouis très profondéme­nt en elle, et leur résurgence fait partie de son cheminemen­t et de sa réalisatio­n du fait qu’elle n’est pas anormale.»

Les souvenirs de Doris sont réveillés par une migration de raies Manta. Mais, alors qu’elle tente de rallier la Californie en compagnie de Marlin et Némo, elle les perd et se retrouve toute seule. C’est alors qu’elle doit apprendre à se fier à son intuition… et qu’elle fait la connaissan­ce de Hank, la pieuvre à laquelle il manque un tentacule.

Ainsi que l’a détaillé Andrew Stanton, la création de ce nouveau personnage repose sur un ressort scénaristi­que très précis. «Dans le premier film, Doris a été ajoutée pour devenir un parent de substituti­on à Némo. Le cheminemen­t émotionnel de Marlin – son désir de devenir le meilleur père possible – exigeait un personnage comme Doris, qui le mette constammen­t à l’épreuve. Les enfants – ainsi que Doris – vivent dans le moment présent, ils ne pensent pas à l’avenir, ils prennent des risques et s’amusent.»

«Ici, nous avions besoin d’un remplaceme­nt à Marlin. Hank est parfait. Il est introverti, ne veut pas être soigné et renvoyé dans l’océan parce qu’il préfère une existence solitaire à l’intérieur d’un aquarium.»

Les effets spéciaux ayant évolué depuis Trouver Némo, l’équipe a décidé de mettre les images de Trouver Doris à la fine pointe de la technologi­e sans pour autant altérer l’esprit du premier long métrage. «La barrière de corail est un peu plus créative et dynamique que celle du premier film», de spécifier Andrew Stanton en guise d’exemple.

Du côté du directeur artistique Don Shank, on apprend que «la technologi­e a tellement changé que les décors originaux ne pouvaient plus servir! Nous avons pris le modèle intégral de notre barrière de corail et l’avons refaite du tout au tout. Oui, on voit bien qu’elle est issue de Trouver Némo, mais nous avions des besoins différents pour un film différent.»

Et pour rentrer dans le détail technique, c’est la première fois que les studios Pixar utilisent le système RenderMan's RIS, un outil qui permet aux spécialist­es des effets spéciaux d’offrir un rendu d’image particuliè­rement proche de la réalité.

Le coréalisat­eur Angus MacLane a mentionné que, pour créer la forêt d’algues dans les eaux californie­nnes, son équipe a filmé ces plantes aquatiques pour en faire un décor impression­nant dans le long métrage. «La forêt d’algues a été incroyable­ment complexe à faire par ordinateur, surtout en ce qui a trait aux effets de mouvements de l’eau autour des algues. Ça n’aurait pas été possible à faire au temps de Trouver Némo!»

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Ellen DeGeneres
 ??  ?? Nemo et Marlin voudront aider Doris à retrouver sa famille, jusqu’à ce qu’ils perdent eux-mêmes sa trace. Pixar a utilisé la technologi­e RenderMan’s RIS, qui rend l’image plus proche de la réalité. Les décors ont été refaits du tout au tout.
Nemo et Marlin voudront aider Doris à retrouver sa famille, jusqu’à ce qu’ils perdent eux-mêmes sa trace. Pixar a utilisé la technologi­e RenderMan’s RIS, qui rend l’image plus proche de la réalité. Les décors ont été refaits du tout au tout.

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