Le Journal de Montreal - Weekend

«J’AI DÛ RENONCER DANSE» À LA

Elle exprime son intérêt pour la mode dans sa nouvelle émission, Switch tes fripes, à Vrak.tv. Mais avant d’être animatrice culturelle branchée, notamment à Salut, bonjour! et à Vrak attak, Vanessa Pilon caressait le rêve de devenir ballerine. Une blessur

- Kim Nunès

Vanessa, vous serez à la barre de Switch tes fripes, à Vrak.tv; quel est le concept de l’émission?

Une gang de filles débarque dans le loft de l’émission avec leurs vêtements, qu’elles doivent échanger entre elles. Pour ce faire, elles profiteron­t des conseils de notre styliste, Roosa-Karoliina Maunula, qui leur créera un look intéressan­t. C’est un beau projet qui me permet de définir la mode comme l’expression de notre propre identité.

Vous avez un look unique, ce qui demande d’avoir une grande confiance en soi. Avez-vous toujours eu une telle confiance en vous?

Mon look reflète comment je me sens. Durant les périodes où j’avais moins confiance en moi, je portais des vêtements plus convention­nels, car je cherchais à ne pas déranger et à plaire. Par contre, la mode, c’est dans mon ADN. J’ai toujours aimé les vêtements. Pour moi, c’est une forme d’art… Mais oui, ça prend de la confiance en soi pour assumer un look. Tout part de l’intérieur. Quand on s’aime, on rayonne et on est apte à aimer les autres.

Aviez-vous cette attitude confiante à l’adolescenc­e?

L’adolescenc­e n’est pas une période facile. En même temps, c’est une belle période puisque tout est à faire. On apprend à se connaître. Dans mon cas, j’ai essayé de me conformer et d’entrer dans le moule pendant une année ou deux. Je voulais réduire ce qui me différenci­ait des autres pour ressembler aux gens. J’avais l’impression que je ne «fittais» pas avec les gens qui m’entouraien­t.

En quoi vous sentiez-vous différente des autres?

Je faisais du ballet classique et j’avais un horaire très rigide. Je n’étais pas extraverti­e. J’écoutais de la musique classique et j’étais déconnecté­e de ce qui était à la mode. J’aimais les vêtements rétro et je m’habillais dans les friperies. J’aimais lire. Je me sentais à part des autres, alors que j’étais seulement qui j’étais!

Vous avez fait du ballet et vous avez dû quitter la maison familiale à un jeune âge pour cela, n’est-ce pas?

Au secondaire, j’étudiais à l’école Pierre-Laporte en danse classique. Nous avions une heure de cours de plus par jour. Mes parents m’avaient donné le choix d’être pensionnai­re ou de faire la route tous les jours. Comme la formation était très exigeante, j’avais une chambre chez des gens qui habitaient à proximité de l’école. Dès 12 ans, j’ai dû me discipline­r moi-même puisqu’il n’y avait personne pour me dire de faire mes devoirs.

Ça n’a pas dû être une période facile?

Ç’a été une grosse coupure de quitter la maison familiale. La première année, j’ai trouvé ça très difficile. Je me suis retrouvée dans une famille avec laquelle j’ai passé quatre ans, soit durant presque tout mon secondaire. Mais rapidement, ces gens sont devenus importants; ils étaient mes deuxièmes parents. Par contre, les fins de semaine, je retournais dans ma famille. Je crois que cette expérience m’a enrichie; ça a formé la personne que je suis aujourd’hui.

Vous avez finalement dû abandonner votre rêve de devenir ballerine. Comment avez-vous vécu ce deuil?

Mon pied gauche, qui est plat, me créait des problèmes physiques. J’aurais pu continuer et faire carrière dans la danse, mais en continuant à ce rythme, il y avait des risques qu’à 30 ans je ne marche plus. J’ai dû faire un choix difficile, soit de renoncer à la danse. C’était ma passion: tous les jours, 100 % de ma vie était consacrée à la danse, et je cherchais constammen­t à améliorer mes performanc­es. Je ne me voyais pas faire autre chose. J’étais Vanessa la ballerine. Pendant quelques années, je me suis cherché une nouvelle passion. Je suis partie en voyage, j’ai fait du bénévolat à l’étranger, etc. Plus tard, je me suis orientée vers le journalism­e et l’animation, ce qui me permettait de toucher à plusieurs choses.

Avez-vous l’impression que ce sont les voyages qui vous ont permis de découvrir de nouvelles passions?

Les voyages sont formateurs et nous ouvrent sur le monde. Pour ma part, ceux que j’ai faits m’ont permis de sortir de moi. En voyageant, la personne introverti­e que j’étais n’avait pas le choix d’aller vers les autres. Ça m’a sortie de ma bulle et ça m’a obligée à faire preuve de débrouilla­rdise. À travers les voyages, j’ai aussi appris à définir mes valeurs.

En terminant, quel message voulez-vous laisser à votre jeune public?

Il y a mille choses que j’aimerais dire aux jeunes! Ils m’en apprennent autant que je peux leur en apprendre. Je les trouve très humains, et ils me font du bien. Je suis contente de les avoir dans ma vie. Et, comme ils ont accès à des voies de communicat­ion, ils ont plus de pouvoir qu’ils le pensent. J’ai envie qu’ils les utilisent, qu’ils continuent à prendre leur place et qu’ils se fassent confiance à eux-mêmes. Je ne suis pas cynique dans la vie, car je vois les jeunes et je me dis que ce qui s’en vient sera vraiment cool.

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