Le Journal de Montreal - Weekend
BILLY (A UN PEU MOINS DE) TALENT
Quatre ans après le surprenant
Dead Silence, l’escouade Billy Talent revient au front avec un membre fondateur en moins. D’où, peut-être, le fait que le groupe se casse la gueule sur Afraid Of
Heights, un album qui est loin d’être vertigineux (excusez-la). MANQUE DE RYTHME
Comme le batteur Aaron Solowoniuk est demeuré sur le banc au cours des derniers mois, histoire de se remettre d’une rechute de sclérose en plaques, Billy Talent a recruté Jordan Hastings d’Alexisonfire pour le remplacer momentanément. Ce qui pourrait sûrement contribuer au changement de cap sur Afraid Of Heights.
Le groupe aux mélodies survitaminées, aux crescendo imprévisibles et aux envolées chantées frôlant parfois l’agacement s’aplatit pour laisser place à un projet rock qui arrive à susciter Aerosmith et Red Hot Chili Peppers sur l’endormante pièce The Crutch. Comme si ce n’était pas assez, la bande semble s’inspirer un brin de Bon Jovi (oui, oui) pour sa ballade Rabbit Down The Hole.
Pire encore, Benjamin Kowalewicz va jusqu’à signer une ritournelle – Louder Than The DJ – célébrant la survie du rock en racontant un concert typique de son quintette… soit, le niveau zéro de l’imaginaire pour les paroles d’une chanson.
Bref, Billy Talent fait ici du rock «mature»… une étiquette vague, certes, mais une gifle sans équivoque pour un collectif aussi fringant auparavant.
TOUT N’EST PAS PERDU
Mince consolation, certaines pièces plus engagées – dont Big Red Gun et This Is Our War – laissent poindre une lueur d’espoir pour Billy Talent. En attendant, les fans masochistes pourraient apprécier Afraid Of Heights. Pour les autres, investissez vos sous dans du rock de meilleure qualité, S.V.P..