Le Journal de Montreal - Weekend
ASSURÉ AU QUÉ BEC !
Chat alors! Le tournage de la comédie Les neuf vies de M. Boule-de-poil s’est déroulé dans la Belle Province et, pour la première fois, une spécialiste montréalaise des félins a été embauchée pour surveiller les animaux pendant le tournage.
Dans Les neuf vies de M. Boule-de-poil, Tom (Kevin Spacey) est un homme d’affaires qui ne pense qu’au fric et à sa prochaine réalisation, la construction du gratte-ciel le plus haut au nord de l’Équateur. Il a toujours délaissé sa femme Lara (Jennifer Garner), son fils adulte David (Robbie Amell) et sa fille de 11 ans, Rebecca (Malina Weissman). Comme c’est l’anniversaire de sa cadette, Tom décide de finalement accéder à sa demande de lui acheter un chat.
C’est alors qu’il franchit la porte du magasin de Felix Perkins (Christopher Walken), un vendeur d’animaux extraordinaires, et qu’il se retrouve propriétaire d’un adorable chat appelé M. Boule-de-poil. Or, après un accident de voiture, le corps de Tom est à l’hôpital, mais son esprit se trouve dans celui de M. Boule-de-poil!
DES FÉLINS BIEN RÉELS
Réalisé par Barry Sonnenfeld (La famille Addams), cette comédie familiale traditionnelle se veut un divertissement dans la plus pure tradition des classiques hollywoodiens aussi diversifiés que La vie est belle de 1946 avec Jimmy Stewart ou encore Petit Homme, sorti en 1988 et mettant en vedette Tom Hanks. Le cinéaste a donc opté pour de vrais chats, par opposition à des animaux créés par ordinateur (même si plusieurs scènes comportent des animaux virtuels). Seul problème? Il est allergique! C’est pourquoi l’alter ego félin de Kevin Spacey est un chat sibérien, race la moins allergène.
Janine Aines et Christie Miele, les dresseuses d’animaux embauchés par Barry Sonnenfeld qui travaillent avec lui depuis la franchise des Hommes en noir, ont eu un mal de chien (!) à trouver des chats sibériens répondant aux spécifications précises – yeux bleus perçants et densité de poils importante – du réalisateur. Au total, ce sont finalement trois chats qui ont été embauchés, chacun ayant des habiletés spécifiques.
PAS D’OBLIGATION LÉGALE
La production du long métrage, tourné à Montréal – qui tient lieu de New York –, s’est donc assurée de respecter les normes américaines en matière de protection des animaux sur un plateau… loi qui n’existe pas au Québec, où sont pourtant filmées quantité d’oeuvres du sud de la frontière!
«C’est quelque chose qui me fait très peur. Au Québec, et même à travers le Canada, il n’existe aucune législation sur la surveillance du bien-être des animaux sur les plateaux», nous a expliqué en entrevue Maggie Shuter, présidente et fondatrice de Chatopia, un organisme qui recueille les chats et se charge de leur trouver des familles d’adoption.
Car, pour la première fois au Québec, l’équipe d’un film a embauché une personne afin de veiller sur les félins. C’est Maggie qui a été choisie après avoir été recommandée par la SPCA. «Je suis également actrice; j’ai donc marié mes deux habiletés.»
Son travail étant très particulier, elle a assisté à toutes les scènes avec des chats. «Je suis en quelque sorte la représentante des animaux sur un plateau. Je suis là en tant qu’observatrice. Je m’assure qu’ils ne sont pas trop fatigués, je pose des questions quand je vois des gestes qui me dérangent, etc.»
«Je dois dire que je n’avais jamais vu un tournage aussi parfait que celui des Neuf vies de M. Boule-de-poil. Au total, il y avait trois dresseurs américains qui s’occupaient des chats, ils étaient exceptionnels. Je dois avouer qu’un dresseur était
originaire d’ici et que la différence était malheureusement flagrante, ce qui est terrible à dire.»
DES CHATS AU TRAVAIL…
Pour tenir le rôle de M. Boulede-poil, trois chats ont été choisis. Le premier, appelé Gene, est un véritable acteur, habitué des productions. C’est lui qu’on voit dans les scènes dramatiques, celles où le chat doit rester assis et regarder autour de lui. Connery, spécialiste de l’action, est le félin qui a été affecté tous les moments où l’animal est en mouvement. C’est lui qui attaque, qui saute et qui grimpe partout. Quant au dernier, prénommé Yuri, c’est lui qu’on voit danser avec Rebecca. C’est également lui qui a servi de doublure aux deux autres.
En véritable connaisseuse et amoureuse des chats, Maggie Shuter a vanté les habiletés de ces bêtes sur un plateau. Car les félins sont tout aussi entraînables que des chiens et parviennent à effectuer les mêmes choses. «Les chats peuvent travailler aussi longtemps qu’ils en sont capables, comme des humains! […] Je m’assure également que personne n’est en danger, qu’il s’agisse des chats ou des acteurs. À la fin de la journée, je note ce qui s’est passé, quelles scènes ont été tournées, l’heure de début de travail, etc.» «Ce qui m’a frappée et impressionnée, c’est que Barry n’a jamais tenté de forcer un chat à faire quoi que ce soit. Quand il n’était pas coopératif ou qu’il n’avait pas envie de faire ce qu’on attendait de lui, toute l’équipe passait à une autre scène. J’ai même pris l’avion avec les chats – qui n’étaient pas dans la soute, bien sûr – lorsqu’ils sont retournés en Californie!»
Les neuf vies de M. Boule-de-poil fera miauler de plaisir les cinéphiles dès le 6 août.