Le Journal de Montreal - Weekend
BRISER LE MOULE
Comme Bridesmaids avant elle, la comédie Mères indignes a le mérite – à défaut d’être pleinement satisfaisante – de modifier l’image habituelle des femmes au cinéma, et les jeunes femmes de 25 à 35 ans s’y reconnaîtront sans peine.
Pauvre Amy (Mila Kunis, à l’aise dans cette comédie irrévérencieuse)! Elle passe son temps à courir. Mère à 20 ans, elle en a aujourd’hui 32 et n’a pas repris son souffle depuis 12 ans. Entre les activités de ses deux enfants, son mari un tantinet irresponsable et son patron totalement dépendant d’elle (et très paresseux), elle n’arrête pas. Un jour, poussée à bout, elle décide d’arrêter. Terminés, les courses folles pour arriver à l’heure, le stress de préparer les déjeuners, lunchs et soupers pour toute la famille, les réunions au bureau, etc. Amy va s’occuper d’elle-même et va souffler un peu, les attentes auxquelles font face les mères étant complètement irréalistes.
Après avoir rencontré deux autres mamans, Kiki (Kristen Bell) et Carla (Kathryn Hahn), qui deviennent ses amies et qu’elle embarque dans son mouvement, Amy décide de se présenter comme présidente du regroupement de parents de l’école de ses enfants. C’est que Gwendolyn (Christina Applegate), la présidente depuis six ans, fait la loi avec ses deux sbires Vicky (Annie Mumolo) et Stacy (Jada Pinkett Smith), toutes des «mères parfaites».
Le langage est cru – les mots «pénis» et «vagin» sont répétés à satiété –, les situations exagérément outrancières, mais le message est immanquable. Les femmes et mères d’aujourd’hui ne sont ni les esclaves ni les bonnes à tout faire des membres de leur famille. L’image de la mère idéale actuelle, véhiculée dans les médias, n’est absolument pas réaliste et conduit automatiquement à l’échec. Actuellement dépositaires de la majeure partie des responsabilités familiales, les jeunes femmes de 25-35 ans n’en peuvent plus et Mères indignes se fait l’écho, de manière comique, de leur ras-le-bol bien compréhensible.
Et si la deuxième partie du long métrage (restez également pour le générique de fin, drôle et émouvant) est mieux rythmée et plus marrante que la première (toute la mise en place de la vie d’Amy prend un peu trop de temps), les 101 minutes de Mères indignes passent de manière somme toute agréable.