Le Journal de Montreal - Weekend
LE BON SILLON DE MELISSA MCCARTHY
On pourrait croire que, dans sa carrière au cinéma, Melissa McCarthy creuse deux sillons parallèles. L’un enchaîne les comédies médiocres et génériques
(Vol d’identité, Tammy). L’autre, sous le patronage du compétent et très original Paul Feig (leur collaboration comporte quatre films à ce jour), fait briller son étoile. C’est cette veine que nous vous proposons de revisiter cette semaine, pour compenser la parution en DVD et en VSD du décevant La patronne, réalisé par son mari Ben Falcone, et l’insuccès en salles de Chasseurs de fantômes.
BRIDESMAIDS
Tout a commencé là pour Melissa McCarthy, une comédienne qui, à ce stade, avait roulé sa bosse au petit écran (Gilmore Girls, Mike and Molly). Dans un rôle secondaire hautement remarquable, celui d’un garçon manqué aux manières rustres, elle est à l’amorce de la scène scatologique la plus désopilante de l’histoire du cinéma. En rivales aux antipodes défendant bec et ongle le titre de première demoiselle d’honneur, Kristen Wiig et Rose Byrne sont tout aussi épatantes au centre de ce tableau irrévérencieux sur l’amitié féminine.
DUO D’ENFER
Pour coincer un baron de la drogue, une agente du FBI aguerrie et inflexible doit faire équipe avec une policière de Boston mal embouchée et agressive. Cette variation au féminin et provocante sur le thème du «bon cop bad cop» regorge de situations absurdes, grotesques et outrées, dont certaines sont d’une efficacité proprement redoutable. Aux côtés de l’imposante McCarthy, la filiforme Sandra Bullock offre un contraste aussi étonnant qu’hilarant.
ESPIONNE
Pour la troisième fois consécutive, Melissa McCarthy brille dans un film de Paul Feig, cette fois dans un rôle de premier plan, soit celui d’une agente de bureau de la CIA qui, malgré sa taille forte et son inexpérience du terrain, se porte volontaire pour traquer la marchande d’armes (Rose Byrne) qui a tué l’espion dont elle était amoureuse (Jude Law). La forte présence de McCarthy et la vigueur de ses réparties font le sel de ce divertissement haut de gamme, qui mélange savamment humour et action pour générer une cascade de gags efficaces.
ST-VINCENT
Rompant avec son personnage comique habituel, McCarthy joue ici une infirmière, mère célibataire dépassée, qui confie à contrecoeur son enfant aux bons soins de son nouveau voisin, campé par Bill Murray. Dans un rôle taillé sur mesure pour lui (un asocial sympathique, à la coquille dure et au centre mou), Murray défend presque en solo cette comédie dramatique vieille école et un peu traînesavates. Il n’empêche que McCarthy, tout comme Naomi Watts, en maîtresse délurée, relèvent le niveau d’un cran dès qu’elles apparaissent à l’écran.