Le Journal de Montreal - Weekend

MENDOZA, LA PORTE DES ANDES

Au cours d’un voyage en Amérique du Sud, après avoir passé quelques jours à Buenos Aires, nous sommes partis en voiture vers l’ouest, direction Mendoza.

- Chantal Benhamron Collaborat­ion spéciale

Découvrir un pays, c’est aussi le traverser de part en part, sillonner ses petits villages, aller au plus profond, au noyau. La route, donc. Rarement aurai-je vu de paysages aussi plats, aussi vides. Même l’horizon semble disparaîtr­e, parfois, dans le lointain, tant le ciel et la terre se confondent. À perte de vue, la pampa, infiniment uniforme et déserte, verte toutefois, des champs exploités par des fermiers absents, je n’ai pas vu âme qui vive pendant des kilomètres et des kilomètres. Mais où sont-ils donc? Qui s’occupe de leurs terres?

Succession de petites villes au charme ancien. Infaillibl­ement, au coeur de chacune de ces agglomérat­ions, la grandplace, au centre de laquelle se déploient un parc et sa fontaine, flanquée d’une église et bordée de bancs où les Argentins viennent fraternise­r et passer le temps. En dehors de Buenos Aires, en été, entre midi et 16 h – les heures de grande chaleur –, tout est fermé, désert: on croirait des villes fantômes. Rosario, Cordoba, Rio Cuarto, San Luis. Nous roulons sans trêve, les villes, les provinces, le paysage, toujours aussi plat et désert, défilent inlassable­ment.

MENDOZA, LA DOLCE VITA

À environ un millier de kilomètres de Buenos Aires, nous approchons de Mendoza. Nous ne sommes plus très loin des Andes. Déjà, sur la route, les vignobles de la région, s’étendant à perte de vue, annoncent l’imminence de la capitale du malbec. Ici, c’est le charme et la dolce vita. Mendoza est timide, coquette. Elle ne s’affiche pas, aucune ostentatio­n ici: une séduction naturelle.

Le sport national, ici, c’est le vin. Et pas des moindres. Sur les grandes avenues de la ville, tous les restaurant­s se font une gloire de vous faire déguster leurs trésors viticoles. Il pleut des cordes les quelques jours que nous y passons, mais rien n’altère la beauté de ce paradis. Je crois qu’ils sont habitués ici à ce que le ciel leur tombe sur la tête: ils ont creusé au bord de tous les trottoirs, de curieuses rigoles, profondes de plus d’un mètre, pour que s’écoule l’eau des pluies.

La ville, qu’on dit la plus belle du pays, est d’une élégance racée. On y mange bien, et à entendre les clameurs des fêtards jusqu’au petit matin, on doit bien s’y amuser aussi.

Et puis la route des vins, au pied des Andes, est d’un charme furieux: des chemins de campagne bucoliques, bordés de peupliers et de saules pleureurs, avec à perte de vue des vignobles et des oliveraies. Il faut absolument faire cette balade et visiter quelques bodegas – il y en a des dizaines –, goûter à leur nectar et à leur emblématiq­ue malbec et les entendre parler de leur art: un moment délicieux.

LA ROUTE DES ANDES

La Route 7, celle qui traverse la cordillère des Andes vers Santiago du Chili, fut l’apothéose de notre voyage. Magnifique

excursion sous un ciel bleu d’une pureté irréprocha­ble. Impression­nante chaîne de montagnes s’étirant sur des centaines de kilomètres. Parfois, au détour de la route, serti entre leurs flancs, surgit un lac d’un turquoise inouï. Ou peut-être était-il émeraude?

Quelques haltes incontourn­ables: Puente del Inca, à 2700 m d’altitude, une curiosité géologique en forme d’arche que l’on doit à l’érosion, qui enjambe la rivière et qui a servi de pont aux Incas; on dit que Charles Darwin, au 19e siècle, visita ce site, ce dont témoignent des croquis qu’il a laissés. Punta de Vacas, d’où l’on voit au loin le volcan Tupungato haut de 6000 m. Et puis l’Aconcagua, cet Himalaya des terres occidental­es, qu’on a à peine entrevu parce qu’il était enfoui dans les nuages. Mais ils ont consacré à ce toit des Amériques, dont le sommet atteint 7000 m, un parc national d’où partent de nombreuses randonnées vers la conquête de ses flancs. Je garde un souvenir ébloui de ces montagnes écrasantes de majesté, comme une gloire de notre planète.

À quelques kilomètres, tout près, le Chili. Mais ce sera pour un autre voyage.

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3 et 4. Sur la route des Andes : des paysages à couper le souffle. 5. À Mendoza, il...
PHOTOS COURTOISIE CHANTAL BENHAMRON 1 et 2. Succession de paysages très différents le long des Andes : tantôt une grande sécheresse et des terres arides, tantôt une végétation luxuriante et verdoyante 3 et 4. Sur la route des Andes : des paysages à couper le souffle. 5. À Mendoza, il...
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ARGENTINE MENDOZA 5
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