DANS L’UNIVERS DE GERMAINE GUÈVREMONT

Voyager, ça ne se fait pas qu’à l’autre bout du monde. À une heure et quart d’auto de Montréal, j’ai pu voyager dans le temps. Eh oui, on peut se dépayser dans son propre pays!

À Saint-Joseph-de-Sorel, il y a un site enchanteur que nous a fait connaître l’écrivaine Germaine Guèvremont. Les plus âgés parmi vous se souviendront de cette télésérie de Radio-Canada, Le Survenant, mettant en vedette Jean Coutu. En sillonnant ces nombreux cours d’eau qui longent le Saint-Laurent, nous arrivons au lac Saint-Pierre, là où régnaient à l’époque de la Nouvelle-France les redoutables Iroquois. Le long du parcours, en canot idéalement, vous vous trempez dans une magnifique nature où, autour d’une centaine de petites îles, les hérons sont nombreux et les oiseaux, légion.

Tout en pagayant, vous réveillerez de vieux souvenirs de la télé en noir et blanc. C’était encore l’époque où, faute d’argent, on écoutait les émissions en se tenant debout sur le trottoir devant les vitrines des marchands de meubles…

Béatrice Picard, Ovila Légaré, Marjolaine Hébert sont là, dans ces maisons qui tiennent encore fièrement debout. Oui, le père Didas, Amable, «Fonzine», Jacob Salvail, les Beauchemin, Bébette font encore jaser les riverains quand on s’arrête chez le restaurateur Marc Beauchemin, heureux d’offrir sa cuisine locale, composée de tout ce que la nature lui procure. Sa gibelotte à la perchaude fait l’honneur de son authentique pays. Ce que l’on regrette, c’est que Radio-Canada n’ait pas préservé les bandes magnétiques de cette émission qui est donc à jamais perdue… sauf dans nos souvenirs et dans ce hameau. C’est apparemment un moine, sans doute un père missionnaire, qui s’est perdu dans ces rivières et qui a passé l’hiver sur une île... De là le nom «chenail du Moine».

Incroyable de penser que je songeais à visiter ce chenail depuis les années 1950… pour finalement passer à l’acte en juillet 2016 ! Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Ce restaurant qui appartient à un Beauchemin, une famille qui faisait partie de la série, sert de la gibelotte à la perchaude. C’est à la bonne franquette, mais excellent!

Le paysage enchanteur du chenail du Moine était lui-même un des «personnages» de la série Le Survenant. Pas de décors artificiels: tout était tourné dans de vraies maisons et dehors.

La maison des Beauchemin dans la série.

C’est dans ce rabaska que j’ai navigué sur le chenail.