Le Journal de Montreal - Weekend

MONT ACONCAGUA, LE SOMMET DES AMÉRIQUES

Début 2016. Je fête le jour de l’An en solitaire à Mendoza, en Argentine. Loin des miens, je veux réaliser mon objectif : grimper le mont Aconcagua, le point culminant de la cordillère des Andes et des Amériques.

- François Martel Collaborat­ion spéciale

Depuis plus d’un an, je rêve de cette expédition.

En 2004, une simple randonnée sur le volcan Izalco, un sommet de 1000 m d’altitude situé au Salvador, m’avait donné le goût des montagnes.

Depuis, j’étais à la recherche d’une aventure plus costaude.

Après quelques recherches, j’ai arrêté mon choix sur l’ascension du mont Aconcagua, le plus haut sommet hors de l’Asie.

PAMPAS DE LENAS

Après un vol pénible à partir de Montréal, je suis accueilli à l’aéroport de Mendoza par mon guide Gabriel, de l’agence Inka Expedicion­es. Après les présentati­ons d’usage, je vérifie une dernière fois mon équipement. On dirait un vrai profession­nel.

Après une bonne nuit de sommeil, nous prenons la direction de Penitentes, à l’entrée du Parc national Aconcagua.

Nous amorçons notre expédition dans la vallée de Vaca pour une bonne marche de 6 heures vers le premier camp, à Pampas de Lenas, situé à 2950 m d’altitude. La première journée est magique. Nous empruntons un chemin rocailleux et y croisons des troupeaux de vaches sauvages.

Nous sommes entourés d’un paysage magnifique. C’est à couper le souffle.

Les mules qui transporte­nt notre équipement nous suivent de près. À la fin de cette première journée, nous installons notre campement. Les gauchos préparent un lunch savoureux à base de boeuf et de pain. La randonnée devient plus ardue. En direction de Casa de Piedra, nous montons à 3240 m d’altitude. Les rochers s’éclairent d’ocres extraordin­aires avec le soleil qui frappe les parois rocheuses. Après 7 heures et 18 km de marche, nous nous arrêtons enfin. Je m’installe à la belle étoile, car le spectacle est majestueux. Sans voix. Je n’avais jamais vu tant d’étoiles de ma vie.

ENFIN...

J’aperçois enfin le sommet de l’Aconcagua.

Nous sommes encore loin. Je regarde l’horizon et je vois la montagne vertigineu­se. Cette vision renforce ma motivation et me fait oublier ma fatigue.

Après une longue marche de plus de huit heures, nous arrivons à Plaza Argentina. Ici, c’est un vrai camp de base (il y a une douche, enfin!). Nous avons droit à une journée de repos et à une visite chez le médecin. Je suis en très grande forme.

Ce soir-là, je suis invité à souper avec le groupe de guides et porteurs. Je me sens comme un des leurs, un vrai gars de montagne.

VERS LE SOMMET

Plus nous progresson­s, plus tout devient difficile. Nous marchons dans un environnem­ent féerique, mais austère et hostile.

Au Camp 1, à plus de 5100 m d’altitude, je passe entre des glaciers (Pentinte), époustoufl­antes merveilles de la nature. Tout est froid. Le climat change rapidement. Il fait -28 degrés Celcius, les vents atteignent plus de 65 km/h et il neige.

Nous cherchons un endroit pour nous mettre à l’abri. Tout est pénible. Pendant trois jours, nous faisons du surplace parce que les conditions météo sont trop dangereuse­s. Nous entendons que huit randonneur­s doivent être évacués par hélicoptèr­e au camp de Plaza Argentina.

Nous, nous attendons que le temps se calme. Enfin arrive le jour J. C’est le 14 janvier, soit 119 ans jour pour jour après la première ascension de l’Aconcagua, réussie par l’alpiniste suisse Mathias Zurbriggen, en 1897.

Il est 4 heures du matin. Je suis très nerveux. Il fait très froid.

J’ai encore 962 mètres à grimper avant d’atteindre le sommet. Je respire mal, l’oxygène se fait rare.

Nous marchons très lentement. Nous progresson­s d’à peine 300 mètres en quatre heures.

Mes jambes tremblent tellement. L’effort devient surhumain. Nous poursuivon­s péniblemen­t notre route. Lentement. Sûrement.

Nous approchons. Nous y sommes. Yes! Nous sommes au sommet de l’Aconcagua à 6962 m d’altitude.

Il est 13 h. Il fait froid: près de -40 degrés Celcius avec des vents de 65 km/h. Nous passons dix longues minutes sur le toit de l’Amérique avant de reprendre le chemin du retour en savourant notre exploit.

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 ??  ?? À 57 ans, François Martel a le goût d’une aventure hors de l’ordinaire. Après une petite excursion au volcan Izalco au Salvador, il décide de s’attaquer à l’ascension du mont Aconcagua.
À 57 ans, François Martel a le goût d’une aventure hors de l’ordinaire. Après une petite excursion au volcan Izalco au Salvador, il décide de s’attaquer à l’ascension du mont Aconcagua.
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ARGENTINE
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