Le Journal de Montreal - Weekend
UNE RENTRÉE RICHE EN EFFETS SPÉCIAUX !
Les coulisses de la rentrée...
On s’imagine la scène: les bonzes de maisons de disques se rencontrent par une nuit sans lune autour d’une table installée dans un garage sombre d’un quartier industriel désaffecté. La tension est à couper au couteau...
Ils bondissent tous de leurs fauteuils pour dégainer pistolets, glaives, bazookas et nunchakus. Puis, une voix s’élève de la mêlée.
La réponse: lancer TOUTES les oeuvres les plus anticipées à la même date! Hé misère!
POUR REVENIR À LA CRITIQUE...
M’enfin, quatre années après l’excellent Astronomie, Avec pas d’casque sort de sa tanière avec un nouveau LP sous le bras: Effets spéciaux. Pour résumer, c’est un album bon à en pleurer. Tout simplement.
Le quatuor taciturne va au-delà des attentes – incroyablement hautes – en les contournant. À celles et ceux qui espéraient «la suite logique», après le succès de la contagieuse chanson La journée qui s’en vient est flambant neuve, tomberont en bas de leur chaise, puis sous le charme de cette collection de pièces tour à tour planantes, chaleureuses et, surtout, spleenesques.
DARTH VADER, RONDA ROUSEY ET BABE RUTH
Côté textes, Stéphane Lafleur se surpasse.
Non content d’inspirer des images qui, bien que parfois inusitées, foudroient le coeur, le chanteur et parolier livre des vers qui ne suscitent plus cette idée de «montage» de strophes notées ici et là (une technique qu’il appréciait à ses débuts) et qui demeurent aussi beaux et efficaces sans la trame sonore les enveloppant.
Au cinéma, Effets spéciaux serait l’Empire Strikes Back. À la boxe, il serait le jab soufflant à l’estomac alors qu’on s’attendait à un uppercut en peine gueule. Au baseball, il serait l’amorti qui mène à un grand chelem.
Bref, la rentrée automnale s’annonce douce et amère, et c’est tant mieux.