Le Journal de Montreal - Weekend

LA VIOLENCE AU QUOTIDIEN

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RELAXNEWS | Comment parler de l’horreur d’un crime? Comment dire l’innommable? Plusieurs écrivains s’y essaient à l’occasion de la rentrée littéraire en s’emparant, via le roman, d’affaires criminelle­s réelles et effroyable­s.

Les meurtres commis par le clan de Charles Manson ont signé dans le sang la fin de l’utopie des sixties, de l’illusion peace and love d’un monde qui avait secrété ses propres monstres.

California Girls de Simon Liberati (Grasset) et The Girls (La Table Ronde/Quai Voltaire) de l’Américaine Emma Cline reviennent sur la saga barbare de «la famille» Manson.

Petit de taille, musicien raté, Manson était doué d’un indéniable charisme qui a surtout fasciné des jeunes filles à la recherche d’un père ou d’un grand frère. C’est cet angle d’attaque des girls que les deux écrivains ont choisi. Avec des résultats très différents.

Simon Liberati a choisi de raconter, sur une période de 36 heures, le passage à l’acte sanglant des acolytes du gourou hippie qui commandita­it les assassinat­s.

Son récit tient le plus souvent du rapport d’autopsie: aucun détail, même le plus sordide, n’est épargné au lecteur. Une accumulati­on qui donne vite la nausée mais peu d’indices sur les raisons de la descente aux enfers de ces jeunes Américains.

Ces personnage­s, c’est une débutante, Emma Cline, née en 1989, bien après les assassinat­s, qui va leur donner chair, en suivant la dérive d’une ado mal dans sa peau, fascinée par une jeune fille membre d’une communauté qui ressemble fort à celle créée autour de Charles Manson. Girls, un premier roman maîtrisé de bout en bout, sait tour à tour être grave, drôle et sensible pour décrire une Amérique qui s’ennuie et dont le réveil sera tragique.

REDONNER VIE À UNE VICTIME

Dans La mésange et l’ogresse (Plon), Harold Cobert revient sur le parcours criminel de Michel Fourniret, surnommé «l’Ogre des Ardennes».

La «mésange», c’est Monique Olivier, la compagne du tueur en série, assassin d’au moins sept jeunes filles âgées de 12 à 22 ans. Harold Cobert se met littéralem­ent dans la tête de la terrifiant­e Monique. Fut-elle une victime ou la complice des meurtres de son mari?

L’historien Ivan Jablonka a choisi quant à lui de redonner vie à Laëtitia Perrais, jeune femme de 18 ans, sauvagemen­t assassinée en janvier 2011.

Sobrement intitulé Laëtitia (Seuil), le livre de Jablonka ne se contente pas d’évoquer avec délicatess­e et empathie la figure meurtrie de cette jeune fille. Il s’agit, explique l’historien, de toucher «une profondeur humaine et un certain état de la société».

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