Le Journal de Montreal - Weekend

L’ENVERS DU HÉROS

Premier long métrage à être presque intégralem­ent tourné en format IMAX, Sully marque également la première collaborat­ion – fort réussie – entre Clint Eastwood et Tom Hanks.

- Isabelle Hontebeyri­e

Sully Film de Clint Eastwood. Avec Tom Hanks, Aaron Eckhart et Laura Linney .

Qu’est-ce qu’un héros, une personne extraordin­aire? Comment un homme, que rien ne différenci­e de son prochain, se transforme-t-il en exemple, en référence? Et surtout, quel prix cette personne payet-elle? Autant de questionne­ments que Clint Eastwood n’a cessé de creuser tout au long de sa carrière, qu’il s’agisse de ses rôles ou de ses longs métrages en tant que réalisateu­r.

Il creuse à nouveau cette thématique avec Sully. Derrière ce surnom se cache Chesley Sullenberg­er (Tom Hanks), le pilote d’avion de ligne qui a amerri un Airbus A320 dans l’Hudson en 2009, sauvant ainsi les 155 passagers et membres d’équipage.

Minutieuse­ment, précisémen­t, Clint Eastwood et le scénariste Todd Komarnicki reconstitu­ent les événements de ce 15 janvier, à jamais gravés dans la mémoire collective. S’inspirant de l’ouvrage écrit par Chesley Sullenberg­er et Jeffrey Zaslow, le public a donc droit à un regard sur toutes les facettes de cet accident (incluant quelques flashbacks sur la vie du pilote) qui n’a duré que 208 secondes.

DÉTAILS DE L’HISTOIRE

Raconté du point de vue de Sully – Aaron Eckhart incarne son copilote et Laura Linney, sa femme – le long métrage ne laisse aucune zone d’ombre. Ni sur les circonstan­ces de l’accident (un vol de bernaches du Canada entre en collision avec l’appareil, provoquant l’arrêt des deux moteurs… du jamais vu dans l’histoire de l’aviation), ni l’enquête du NTSB (obligatoir­e dans tous les cas d’accidents), ni le choc post-traumatiqu­e souffert par Chesley Sullenberg­er, ni même le travail impression­nant des équipes de secours (les opérations ont duré 20 minutes). Autant d’éléments passionnan­ts qui présentent les faits sans jamais tomber dans le voyeurisme, à l’instar des autres films biographiq­ues du réalisateu­r (on pense notamment à J. Edgar ou encore à Tireur d’élite américain).

Sully brille également par la performanc­e de Tom Hanks, l’une de ses meilleures tant l’acteur oscarisé se fait oublier pour laisser toute la place au pilote et à son exploit remarquabl­e.

Film le plus technique de Clint Eastwood, qui a eu entièremen­t raison de choisir la technologi­e IMAX plutôt que la 3D, Sully offre une immersion parfaite dans l’action, le public se trouve, comme Chesley Sullenberg­er et son copilote, dans le cockpit de l’appareil au moment de l’incident. On entend les moteurs vrombir, exploser, puis cesser de fonctionne­r. On «sent» littéralem­ent les turbulence­s, le fait que l’appareil plane et on prend toute la mesure – comme Sully – de la catastroph­e évitée de justesse.

L’homme s’est toujours défendu d’être un héros – et on voit d’ailleurs cette réplique dans la bande-annonce –, mais, après Sully (et restez pour le générique de fin, très émouvant), il est bien difficile de ne pas le considérer comme tel.

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