Le Journal de Montreal - Weekend
VOL EN RASE-MOTTES EN CAPPADOCE
GÖREME, Turquie | Les intrigantes cheminées de fée de la Cappadoce prennent une tout autre dimension lorsqu’elles sont perçues du haut des airs, à bord d’une montgolfière qui vole en rase-mottes au-dessus de ces paysages surréels.
Le réveil retentit à grand bruit aux aurores. Des corps endormis se tirent du lit, à peine réveillés par l’air frais du matin. Les pas sur les pierres d’adobe sont lourds, éclairés seulement par une pleine lune et une poignée de réverbères clignotants.
Quelques bouchées, quelques gorgées et nous voilà déjà aux côtés d’une nacelle qui ressemble davantage à un panier à piquenique en osier géant pour humains. Les touristes, une quinzaine, grimperont à tour de rôle dans ce grand réceptacle, certains plus habilement que d’autres.
Le silence de l’aube n’est dérangé que par cette flamme violente qui souffle à répétition dans cette immense toile pour la gonfler à bloc. L’aérostier jette du lest parci par-là, sous le regard attentif de ses équipiers restés au sol.
Le ballon lève peu à peu de terre. Les yeux deviendront vite grands ouverts pour ne plus jamais se refermer devant ce spectacle ahurissant de dame Nature.
CHEMINÉES DE FÉE
Les couleurs sable, gris et ocre dansent à l’unisson dans cette monumentale vallée désertique en fonction de l’altitude et de la lumière du jour. En fait, seuls les autres ballons, multicolores, détonnent dans ce tableau fantasmagorique.
Les cheminées de fée, ces immenses colonnes sculptées à même le tuf, se tiennent bien droites avec, au loin, l’imposant Mont Erciyes, volcan à l’origine de ces étranges formations rocheuses phalliques. Ni le vent ni la pluie n’auront réussi à gruger en entier au fil du temps ces grandioses monolithes.
Les pensées restent par ailleurs figées devant ces montagnes alvéolées, telles des ruches d’abeilles. Ces habitations troglodytiques abritent encore quelques personnes ou ont été transformées en hôtels pour le plus grand plaisir des visiteurs.
RÊVE OU RÉALITÉ ?
Ce décor dur et aride laisse enfin place à la vie dans un village qui se dégourdit aussi pour une autre journée. Le minaret de la mosquée semble vouloir chatouiller la nacelle des montgolfières qui doivent projeter plus d’air chaud dans les ballons pour prendre de l’altitude.
Après la montée, la descente finale. L’aérostat glisse lentement vers le sol pour un atterrissage quelque peu chaotique, car sur un terrain inégal. Toutefois, cette petite bousculade ne viendra en rien effacer ces vues splendides de notre mémoire.
Cette expérience aura été magique, voire inoubliable, sur toute la ligne. Ne reste plus qu’à sortir de cette douce rêverie pour réaliser qu’il s’agissait bel et bien de la réalité.