Le Journal de Montreal - Weekend
L’HOMME DERRIÈRE LES RÉVÉLATIONS-CHOCS
Avec une précision quasi chirurgicale, Oliver Stone nous narre ce qui a conduit Edward Snowden à faire ses révélations sur le système de surveillance du gouvernement américain.
En 2014, Edward Snowden, un inconnu, employé de la NSA, a cessé d’être un citoyen anonyme pour devenir le lanceur d’alerte le plus célèbre du 21e siècle et l’homme le plus recherché par son gouvernement, accusé de trahison et d’espionnage (il est actuellement réfugié en Russie avec sa compagne Lindsay).
C’est sur la rencontre entre Snowden (Joseph Gordon-Levitt, qu’on n’arrive pas tout à fait à oublier, mais qui de loin ressemble étonnement à notre homme), la documentariste Laura Poitras (dont le Citizenfour raconte aussi ces événements, elle est ici incarnée par Melissa Leo) et le journaliste Glenn Greenwald (Zachary Quinto, étonnant) que Snowden débute, le passé du lanceur d’alertes étant ensuite raconté en flash-back.
Le jeune homme est, en fait, un patriote convaincu qui décide de s’engager dans l’armée. Or, un grave accident lors d’un entraînement militaire le force rapidement à abandonner cette voie. Comment être utile à son pays? En joignant les rangs de la CIA, le jeune Snowden étant excellent dans les codes et l’informatique.
HÉROS OU TRAÎTRE ?
Si les premières années se passent bien, le technicien prend peu à peu l’ampleur des opérations de surveillance, menées en toute illégalité par son pays.
C’est là que le long métrage biographique d’Oliver Stone prend tout son sens et creuse les motivations derrière le geste de livrer à des journalistes des détails top secret sur différents programmes gouvernementaux. Qu’on considère Snowden comme un héros ou comme un traître importe peu, même si l’on sait exactement où se situe le réalisateur. Ici, le cinéaste et l’acteur jouent la carte de l’homme d’honneur se sentant trahi, utilisé, manipulé par son pays.
Malgré quelques effets de style dont on aurait pu se passer (des animations informatiques pour la plupart, destinées à nous faire comprendre l’étendue du champ d’action du gouvernement), Snowden se regarde comme une fiction haletante, Oliver Stone nous donnant ici un long métrage nécessaire à la compréhension des événements contemporains.