Le Journal de Montreal - Weekend
L’EXORCISME AU GOÛT D’HIER
Le thème de la possession démoniaque a inspiré une flopée de mauvais films d’horreur. Heureusement, il a aussi donné lieu à des variations imaginatives et palpitantes, comme en fait foi le deuxième (et très surprenant) volet de la série Conjuration, qui paraît cette semaine en formats numériques (DVD et VSD). Pour marquer le coup, voici un survol de ce qui s’est fait de mieux, ou de plus original, sur ce thème. 4 LES DIABLES
En 1631, le curé de Loudun s’oppose à un édit du cardinal de Richelieu ordonnant d’abattre les murailles de la ville. La même année, des religieuses donnent des signes de possession diabolique et, au cours des exorcismes, accusent Grandier de les avoir ensorcelées. Dans son roman, Aldous Huxley (Le meilleur des mondes) avait situé l’incident dans son contexte politique et la mentalité religieuse de l’époque. Pour cette adaptation, Ken Russell (La symphonie pathétique) a plutôt mis en évidence les détails cruels et les anomalies. Son parti pris controversé n’a laissé personne indifférent lors de la sortie du film en 1971.
3 L’EXORCISTE
William Friedkin (La filière française) a su astucieusement exploiter trucages, maquillages et effets-chocs pour réaliser ce film d’horreur saisissant, qui a remporté l’Oscar du meilleur scénario adapté (du roman de William Peter Blatty). L’histoire? Un vieux prêtre (Max Von Sydow) tente d’exorciser une fillette de 12 ans (Linda Blair) qui semble être possédée par le diable. La pièce Tubular Bells, de Mike Oldfield, a contribué de façon remarquable à cette expérience de cinéma glaçante, qui est passée à l’histoire.
2 SHINING – L’ENFANT LUMIÈRE
De quoi est atteint Jack Torrance (Jack Nicholson), l’instituteur venu passer l’hiver dans une station de ski en compagnie de son épouse docile et de leur fils médium? De possession démoniaque? La question est toujours demeurée en suspens, le grand Stanley Kubrick (Orange mécanique) emmêlant si habilement les éléments fantastiques et psychologiques de son récit qu’on ne parvient plus à les distinguer les uns des autres.
4 LE DERNIER EXORCISME
Convaincu qu’il pourra démontrer le caractère psychosomatique d’un prétendu cas de possession démoniaque, un pasteur cynique invite des documentaristes à venir filmer son faux exorcisme. Cultivant la peur du fanatisme religieux, le film prend le temps de bien camper son protagoniste avant de prendre le virage attendu du côté de l’horreur. Mais plutôt que de multiplier les effetschocs, le réalisateur Daniel Stamm forge habilement une atmosphère inquiétante.
3 AU-DELÀ DES COLLINES
Une jeune Roumaine échoue à convaincre son amante de quitter le monastère où elle vit sous la direction d’un pope orthodoxe, qui va ordonner qu’on pratique un exorcisme sur elle. Cristian Mungiu, l’auteur de l’extraordinaire 4 mois, 3 semaines, 2 jours, fait preuve d’une égale maîtrise du récit dans cette évocation nuancée d’un fait divers survenu en 2005 qui a valu à ses deux formidables actrices de décrocher le prix d’interprétation à Cannes en 2012.