Le Journal de Montreal - Weekend
Les secrets bien gardés de Hong Kong
HONG KONG | Une jungle de béton. C’est peut-être la première image qui vient à l’esprit lorsque l’on découvre l’île de Hong Kong. Cliché?
Oui, mais difficile de penser à autre chose qu’à une forêt étourdissante devant une telle quantité de gratte-ciel. D’autant qu’ils semblent rivaliser de hauteur avec de superbes montagnes derrière eux.
Région administrative spéciale de la Chine, Hong Kong entasse 7,3 millions d’habitants sur un territoire de 1100 km2 – une superficie inférieure à celle de la ville de Saguenay! – et affiche l’une des densités de population les plus élevées au monde. Selon les données du Skyscraper Center, c’est la ville du globe comptant le plus grand nombre d’édifices de 150 mètres et plus, et les trois quarts d’entre eux sont résidentiels.
«Si vous avez peur des hauteurs, vous ne pouvez pas vivre ici!», lance notre guide, Vivian Wong, alors que nous faisons nos premiers pas dans la ville.
Pour apprivoiser cette jungle urbaine, elle nous mène à bord de l’un des tramways à deux étages qui traversent l’île de Hong Kong d’est en ouest depuis 1904. «Chaque quartier a son odeur», nous faitelle remarquer pendant que défilent sans interruption les affiches en cantonais, les gratte-ciel, les magasins de toutes sortes et les passants affairés. Ainsi, le quartier Causeway Bay exhale les parfums des grands magasins; Wan Chai, l’huile des petits restaurants locaux; Central, l’air conditionné des banques et des immeubles de bureaux; et Shueng Wan, les fruits de mer séchés des marchés; etc.
Rétrocédée à la Chine en 1997 après plus de 150 ans de contrôle britannique, Hong Kong a plusieurs visages et sa culture mêle les traditions chinoises et anglaises, les influences de l’Orient et de l’Occident.
Le tramway nous dépose à Central, le quartier des affaires, au milieu des tours, des banques et des grandes compagnies. L’influence occidentale se perçoit bien ici, tout comme dans le quartier voisin, Soho, l’un des plus cosmopolites de Hong Kong. Dans ses rues (très) pentues, nous découvrons des bars, des cafés et des restaurants branchés, ainsi que des galeries d’art et des boutiques d’artisans. Une centaine d’entre elles est d’ailleurs installée dans l’édifice où la ville logeait autrefois les policiers mariés (Police Married Quarters ou PMQ).
Central, c’est aussi le «plus long escalier roulant couvert du monde» (qu’on peut voir dans Batman: The Dark Knight) et l’incontournable Victoria Peak, plus haut sommet de l’île (554 m), avec son sentier en nature d’où l’on ira admirer le port Victoria et les agglomérations sans fin de Kowloon.
LES MARCHÉS FOUS DE KOWLOON
Car Hong Kong ne se limite pas à son île; la région englobe aussi la péninsule de Kowloon et les Nouveaux-Territoires. Le Star Ferry, traversier qui relie les rives de l’île à celles de Kowloon, permet d’admirer Hong Kong au niveau de la mer et fait débarquer ses passagers tout près de la promenade Tsim Tsa Shui, qui offre une vue absolument mémorable sur l’île de Hong Kong.
C’est aussi du côté de Kowloon que nous découvrons le marché de nuit de Temple Street, le quartier populaire Sham Shui Po ou encore le plus haut édifice de Hong Kong (le ICC, 484 m).
Par un après-midi chaud et nuageux, Vivian nous mène aussi jusqu’à Mongkok. Ce quartier résidentiel hyper peuplé et auréolé de néons est connu pour ses marchés et rues commerçantes thématiques: rues des robes de mariées, rues des espadrilles, marché «pour femmes», marché du jade, marché aux fleurs… Sans compter le plus sympathique des marchés de Mongkog (avec celui des poissons rouges peut-être): le marché aux oiseaux. Au milieu de piaillements assourdissants, Vivian nous explique que les gens viennent ici non seulement pour acheter des oiseaux – et de superbes cages de bois –, mais aussi pour que leurs volatiles de compagnie puissent socialiser et «se parler entre eux». TAI O, LE CONTRASTE SAISISSANT Dans les Nouveaux-Territoires, ce qu’on découvre a encore de quoi surprendre: des plages, des parcs naturels, des sentiers de randonnées dans les montagnes et une nature verdoyante influencée par les quatre saisons d’un climat subtropical. Une réalité «verte» qui s’explique par le fait que 40 % du territoire de Hong Kong est protégé.
Les Nouveaux-Territoires, quand même très peuplés, cachent aussi des villes où les traditions semblent bien vivantes.
Entre «l’avenue des fruits de mer» de Sai Kung, le festival Tin Hau de Yuen Long, le bouddha géant de l’île de Lantau et les découvertes culinaires de Tai Po Market, notre coup de coeur va à Tai O.
Dans ce village de pêcheurs de l’île de Lantau, les maisons sont construites audessus de l’eau, sur pilotis, les unes contre les autres. Les habitants y ont vécu de la pêche pendant des générations. «Certains habitants pêchent encore, nous explique Vivian pendant notre visite, mais les jeunes ne veulent pas prendre la relève à cause des revenus instables (...) Ce sont seulement les plus âgés qui continuent de pêcher.»
Aujourd’hui, Tai O reçoit beaucoup de touristes durant le jour à cause de son architecture, et de son marché étalant mille et un poissons et fruits de mer séchés. Mais le soir, assure Vivian, le calme retombe sur le village et, pendant que le centre de Hong Kong vibre de tous ses gratte-ciel, on entend ici uniquement le bruit des tuiles du jeu de mah-jong.