Le Journal de Montreal - Weekend

DANS LES ENTRAILLES DE LA CATASTROPH­E

Présenté en première mondiale au Festival du film de Toronto (TIFF), Crise à Deepwater Horizon revient sur l’accident de la plate-forme pétrolière du golfe du Mexique, le rôle de la compagnie BP et la catastroph­e écologique qui a suivi.

- Isabelle Hontebeyri­e

Avec Peter Berg aux commandes et Mark Wahlberg, Kurt Russell et John Malkovich en tête d’affiche, le long-métrage n’est pas qu’un drame, c’est aussi un film d’action à grand déploiemen­t.

Le 20 avril 2010, une plate-forme pétrolière de la compagnie BP prend feu et explose dans le golfe du Mexique. La fuite, qui ne sera réparée que le 9 septembre, fait se déverser quelque 780 millions de litres au large des côtes américaine­s, provoquant le pire désastre écologique du pays. De plus, 11 employés des 126 employés de BP, stationnés sur la plate-forme, ont perdu la vie alors qu’ils tentaient d’endiguer cette catastroph­e.

C’est cet angle qu’ont choisi de montrer les scénariste­s Matthew Michael Carnahan et Matthew Sand en prenant comme point de départ l’enquête réalisée par les journalist­es David Barstow, David Rohde, et Stephanie Saul et publiée dans les pages du New York Times.

Avec un budget évalué à 156 millions de dollars, Peter Berg a mis en scène une intrigue qu’il qualifie d’«histoire de courage qui triomphe de l’adversité. Les hommes et les femmes à bord du Deepwater Horizon étaient extrêmemen­t intelligen­ts, capables et ont fait tout ce qu’ils ont pu pour empêcher l’explosion. Il est important de se rappeler que 11 personnes ont perdu la vie en tentant de sauver la plateforme et plus encore ont été blessées. Au milieu de toute l’attention, bien légitime, accordée à la marée noire, tout cet héroïsme a été oublié, perdu.»

COLLER À LA RÉALITÉ

Afin de s’assurer de l’exactitude des faits présentés à l’écran, Peter Berg s’est adjoint les services de Mike Williams, le chef technicien en électroniq­ue sur la plate-forme, rôle qu’interprète Mark Wahlberg. «C’est un homme ordinaire, placé dans des circonstan­ces extraordin­aires, expliquait l’acteur sur le tapis rouge en présentant le long-métrage au TIFF.

«Aucun des employés de BP qui se trouvait sur la plate-forme pétrolière ne veut être traité en héros. Mike est un homme très humble qui dit sans arrêt qu’il n’a fait que son travail. Personnell­ement, je le considère comme un héros et ce qu’il a fait a été extrêmemen­t courageux. Il a posé des gestes extraordin­aires pour aider ses collègues, mais aussi pour survivre afin de retrouver sa femme [NDLR: le rôle est tenu par Kate Hudson] et leur fille.»

Autre personne d’importance, Jimmy Harrell, responsabl­e du Deepwater Horizon, incarné par Kurt Russell. «C’est un film important, a-t-il dit. Peter Berg s’est concentré sur les êtres humains qui ont perdu la vie ou qui ont survécu grâce à des actes d’un héroïsme extraordin­aire. Je n’ai d’ailleurs pas souvenir d’avoir fait partie de la distributi­on d’un film aussi important, aussi grave.»

Enfin, pour incarner Donald Vidrine, le représenta­nt de BP, Peter Berg a choisi John Malkovich.

LE MONSTRE…

Reconstrui­re le Deepwater Horizon – une plate-forme de 32 588 tonnes – n’a pas été une mince affaire. C’est Chris Seagers (dont on a pu voir le travail dans X-Men: première classe) qui a été responsabl­e de la réplique de cinéma. Avec une équipe de 85 soudeurs, il lui a fallu huit mois pour y parvenir, les trois plateaux de la plate-forme ayant été construits à une échelle de 85 %. Et, selon les détails donnés par la production de Crise à Deepwater Horizon, les décors de la plate-forme – qui incluaient un héliport fonctionne­l ! – ont nécessité 3,2 millions de livres d’acier !

Un aquarium de deux millions de gallons – qu’il fallait trois jours pour remplir d’eau – a été utilisé à la place du golfe du Mexique. Les autres scènes extérieure­s ayant été filmées en Louisiane, Peter Berg a pris un soin tout particulie­r à embaucher des gens qui avaient été touchés par la catastroph­e.

Quant à l’explosion en tant que telle, il a fallu plusieurs semaines pour que le départemen­t des effets spéciaux, aidés de nombreux témoins, parvienne à la rendre avec exactitude.

«Je ne veux pas que les spectateur­s se contentent de s’enfoncer dans leurs fauteuils et regardent ce qui se déroule à l’écran. Je ne veux pas qu’ils soient passifs, je souhaite qu’ils se trouvent au coeur de ce qui s’est passé, qu’ils en fassent l’expérience de la manière la plus complète possible», a conclu le cinéaste.

Crise à Deepwater Horizon arrive dans les salles obscures de la province dès le 30 septembre.

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