Le Journal de Montreal - Weekend

DANS L’ENFER DES FRATERNITÉ­S ÉTUDIANTES

Présenté au Festival du cinéma américain de Deauville, Goat offre une plongée inquiétant­e dans l’univers des fraternité­s étudiantes et ses dérives violentes. Un film dans lequel on retrouve James Franco, mais aussi un Nick Jonas bien loin de ses années Di

- Malik Cocherel Collaborat­ion spéciale

Adapté du livre autobiogra­phique de Brad Land, Goat raconte l’histoire vécue par l’auteur qui s’est engagé, à 19 ans, dans la fraternité de son frère aîné pour lui prouver sa virilité. Le jeune homme (joué par l’acteur Ben Schnetzer) a dû alors subir des séances de bizutage de plus en plus cruelles et humiliante­s censées lui permettre de devenir un homme, un vrai. «Ce qu’on peut voir dans le film n’est pas très éloigné du comporteme­nt des gangs», a expliqué le réalisateu­r de Goat, Andrew Neel, au cours d’une conférence de presse au Festival du cinéma américain de Deauville.

UNE VERSION ÉTUDIANTE DE FULL METAL JACKET

Déplorant la violence et le machisme qui règnent souvent dans les fraternité­s étudiantes, le réalisateu­r a proposé de régler le problème d’une façon assez originale et plutôt radicale. «Une des solutions serait de cryogénise­r tous les hommes de 17 à 25 ans. À cet âge, ils sont programmés biologique­ment pour deux choses: se battre et baiser», a indiqué Andrew Neel, sur le ton de la plaisanter­ie, avant d’ajouter plus sérieuseme­nt: «Le sport peut aussi être une bonne solution.»

Dans le film, qui est une sorte de version étudiante du Full Metal Jacket de Stanley Kubrick, les bizuts (qualifiés de «goats», chèvres en anglais) sont soumis à tout un tas d’humiliatio­ns: roués de coups, traînés dans la boue, baignés dans l’urine et même obligés de bouffer leurs excréments. Dans la peau de Brett, le grand frère de Brad, Nick Jonas semble prendre un malin plaisir à jouer un personnage à mille lieues de l’image lisse qu’il pouvait dégager lors de ses années Disney avec les Jonas Brothers. Qui aurait pu imaginer à l’époque qu’on le verrait un jour au cinéma sniffer de la cocaïne et s’engager dans une partie de jambes en l’air à quatre?

De son côté, James Franco joue un plus petit rôle dans Goat, celui de Mitch, un ancien membre de la fraternité qui n’arrive pas à tourner la page. Mais l’acteur de 38 ans s’est également impliqué dans le projet en tant que producteur. «C’est un film qui était en gestation depuis pas mal de temps», a confié James Franco au Journal, en expliquant avoir adoré le livre de Brad Land qui a inspiré le film. «À l’époque, c’est David Gordon Green (le réalisateu­r d’Ananas Express) qui devait le réaliser. Il était même prévu au début que mon plus jeune frère (Dave Franco) joue le rôle de Brad. C’est un projet dans lequel j’ai toujours cru, même s’il a pris du temps à se concrétise­r.»

STEINBECK, SELENA GOMEZ ET SETH ROGEN

À Deauville, James Franco est également venu présenter un autre film, In Dubious Battle, qu’il a réalisé à partir du roman de John Steinbeck, et dans lequel il joue aux côtés de Bryan Cranston et Selena Gomez (l’ex de Nick Jonas). Quand on lui demande comment il fait pour trouver l’énergie et le temps pour travailler sur tous ces projets à la fois, l’acteur répond avec un brin d’humour: «Comme je ne sais pas trop ce qui se passe après la mort, autant profiter de la vie pour faire un maximum de choses!»

James Franco semble également tout faire pour ne pas se laisser enfermer dans une case, et jongle entre les blockbuste­rs à la Spider-Man et les films indés, entre les comédies déjantées comme L’interview qui tue! et les drames plus sérieux comme Goat ou In Dubious Battle. «Quand j’étais plus jeune, je voulais être un acteur comme Sean Penn ou Marlon Brando, puis j’ai rencontré Seth Rogen, et je me suis mis à faire des comédies», nous a-t-il glissé dans un éclat de rire. «Je n’aurai jamais cru pouvoir être un acteur de comédie. Mais ça a marché, et les gens ont aimé.»

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