Le Journal de Montreal - Weekend
LES BEAUTÉS DE L’ISLANDE
Lorsque mes amis m’ont proposé de faire le tour de l’Islande, j’ai hésité. Jamais je n’avais envisagé d’aller dans ce pays, le réservant aux géologues ou aux aventuriers tout-terrains.
«Je n’ai pas le souffle pour monter sur des volcans!» leur ai-je d’abord dit. J’ai cependant celui pour les regarder, les analyser, puis les capter. Alors, j’ai accepté.
L’Islande, c’est… tout! De l’ordinaire comme de l’extrême. Où il fait moyenintense-doux-clair-frais et j’en passe.
«Si tu n’aimes pas la température, attends 10 minutes» (dicton islandais). En 14 jours, 2800 km et une bonne vingtaine d’heures de voiture, on a attendu, on a contemplé.
Tel un dragon endormi, le sol d’Islande est parsemé d’écailles et de craquelures, crachant par endroits une fumée à l’odeur de soufre. Il faut poser sa main sur la terre rouge, quelque part sur le volcan Krafla, pour sentir une légère chaleur en sortir.
VENTS ET MERS
Nous avons inhalé un air salin, expiré de la poussière brune, senti une légère brise derrière l’oreille. Puis, à Vik, nous avons vu les pierres se soulever, emportées par la force des bourrasques. Ce même grand vent qui nous a violemment attaqués à coups de poteau de tente sur la tête, la nuit.
Différentes mers le long de la route: de l’eau calme et couleur piscine à l’eau cobalt aux vagues agitées, presque impossible à regarder tellement le vent asséchait nos yeux. Puis, soudain: la mer grise parsemée de petites perles scintillantes. Ma chute d’eau favorite a été la Chute des dieux, Goðafoss, parce que je ne croyais pas que ça pouvait exister.
CHAMPS CONTRE MONTAGNES
Beaucoup de champs de pierres recouvertes de mousse comme si un troll allait se dérouler le dos et nous faire une grimace: «Hi hi, je ne suis pas une pierre!» Champs un peu beiges – brun et noir. Désert gris. Gazon vert pétillant grouillant de moutons peinards.
Et, bien sûr, des champs de millions de fleurs mauves, les fameux lupins d’Islande.
Dans l’est du pays, les montagnes sont moitié brunes, moitié vertes.
Au nord, elles sont tachées de neige éternelle. Avec la musique de Sigur Rós en fond sonore, ma main traçait de loin les contours des glaciers et des volcans.
Puis, au milieu de tous ces sols, vents, mers, champs et montagnes, il y a Reykjavik.
Dans la capitale, tout est lourd. Comme empreinte d’une certaine bruine, douce et violente à la fois, qui caresse la joue alors que le regard se porte sur le port.
Sur l’air d’Amsterdam de Brel, nous fredonnions: Dans le port de Reykjavik, y’a des Vikings qui chantent, et des elfes qui les hantent, dans le port de Reykjavik... L’Islande, quelle Elven land ! Là-bas, tout est lié. Faire partie de ce grand tout – la plus belle expérience de vie.