Le Journal de Montreal - Weekend
CES HURONS QUI SE PRENNENT EN MAIN
Par exemple, en 1998, au cours d’un voyage sur la Terre de Baffin chez les Inuits, j’ai ressenti une hostilité évidente, notamment lorsque les gens entendaient mon accent français. Les vendeurs me refusaient leur marchandise. Les motoneiges, au mois d’août, traînaient dans l’eau: «Le fédéral va nous en payer des neuves», m’expliqua-t-on.
Pourtant, deux jours plus tard, j’étais au Groenland, dans la même communauté inuite… où l’accueil fut incomparablement meilleur: sourires, gentillesse. Ces gens-là semblaient plus épanouis, plus proches de leurs racines culturelles, moins dépendants du gouvernement.
Au Québec, nous avons un exemple semblable dans L’Ancienne-Lorette, avec la réserve de Wendake. Y êtes-vous déjà allé? Je vous y encourage. Bien sûr, il y a beaucoup de touristes européens friands de culture «indienne».
Dans cette réserve huronne, on a su se prendre en main de toutes sortes de manières. Non seulement on a préservé les arts et les activités traditionnelles, mais on a su se doter d’une cuisine haut de gamme utilisant le gibier qui constitue la base de l’alimentation de cette nation depuis plusieurs siècles.
Que ce soit des crèmes médicinales pour guérir la peau ou des lotions naturelles pour chasser les moustiques, les produits traditionnels ne manquent pas. Voilà qui fascine le visiteur étranger et qui en appelle à son portefeuille! Ces Hurons ont le sens des affaires. Et ce sont des produits de qualité qui sont proposés. On se prend à rêver de communautés entières qui pourraient se relever économiquement et culturellement en suivant cet exemple. Chose réjouissante: la langue huronne n’est pas perdue, elle s’enseigne et est bien vivante. Beaucoup de jeunes Hurons fréquentent l’Université Laval sans pour autant renier leurs origines. N’est-ce pas là le meilleur des exemples? Les injustices du passé et les griefs, on s’en souvient, on ne les oublie pas, mais on n’en fait pas une raison de vivre! Il faut dire que cette nation était notre fidèle alliée depuis Samuel de Champlain.