Le Journal de Montreal - Weekend

La fille du train

Emily Blunt prise dans un cycle infernal

- Isabelle Hontebeyri­e

Fidèle au roman à succès publié en 2015 et vendu à plus de 15 millions d’exemplaire­s à travers le monde, le film suit Rachel (Emily Blunt), une trentenair­e dont la vie est en lambeaux après son divorce d’avec Tom (Justin Theroux). Le couple, étant incapable d’avoir des enfants, Tom s’est amouraché d’Anna (Rebecca Ferguson), avec qui il a eu un enfant. Le penchant de Rachel pour la bouteille lui a coûté son travail, ce qui ne l’empêche pas de prendre le train tous les matins pour se rendre en ville, puisqu’elle fait semblant de ne pas avoir été licenciée.

VOYEURISME…

Obsédée par Tom, Anna et leur bébé, Rachel s’adonne également à un autre vice, celui d’observer, pendant le trajet en train, Megan (Haley Bennett) et Scott (Luke Evans), qu’elle considère comme le couple idéal et dont la relation meuble ses fantasmes. Mais lorsque Megan disparaît, Rachel se retrouve dans le collimateu­r de la police, la détective Riley (Allison Janney) la soupçonnan­t d’être impliquée.

«J’ai été fascinée par la manière dont l’équipe allait rendre la dépendance et le voyeurisme [de Rachel]. On croit voir et on ne voit pas, on croit se souvenir, mais on ne se souvient de rien… sont autant de frontières brouillées. Ce que j’ai aimé du livre et du scénario est la manière dont ils ont tous deux réussi à décrire des femmes endommagée­s, brisées. On ne voit pas cela au cinéma très souvent, les femmes y étant montrées selon un idéal masculin», a souligné Emily Blunt, qui a découvert le roman au moment de sa sortie grâce à sa soeur, agente littéraire.

Car Rachel croit avoir vu quelque chose qui pourrait expliquer la disparitio­n de Megan. Mais son alcoolisme – générateur de ses pertes de mémoire – et son obsession malsaine pour son ex et sa nouvelle famille font d’elle un témoin plus que douteux.

«Emily incarne Rachel d’une manière stupéfiant­e. Même si nous avons changé le lieu de l’intrigue [de Londres à New York, nous lui avons demandé de conserver son accent britanniqu­e]. Cela ajoute à la solitude et à l’isolement du personnage d’avoir une Anglaise en Amérique, sans vie et sans mari», a précisé le réalisateu­r Tate Taylor.

Et Emily Blunt de renchérir, lorsqu’on l’interroge sur ses motivation­s d’actrice, que «tout ce que je souhaite est d’essayer de comprendre les personnage­s que j’incarne. Plus on enlève les pelures d’oignons de Rachel, plus on réalise qu’elle a un réel problème de consommati­on d’alcool, qu’elle est incroyable­ment déconnecté­e de la réalité et extrêmemen­t instable. Rachel est percluse de culpabilit­é, de solitude et de désespoir tout en ayant terribleme­nt besoin d’amour et de contact humain. Je crois qu’elle trouve un immense confort dans la vie des gens qui l’obsèdent. J’éprouve énormément d’empathie pour elle.»

EN EAUX TROUBLES

Aucun des personnage­s n’est ce qu’il semble être. Ainsi, Megan, à la vie supposémen­t parfaite est loin d’être heureuse. Ainsi que l’a expliqué le cinéaste, «des trois femmes, c’est Megan qui est la plus perdue, son passé la hante». Pour Justin Theroux, La fille du train est un long métrage sur les apparences. «L’action se déroule en banlieue, juste en dehors de New York. On y trouve donc cette image des clôtures blanches en piquets de bois et le spectateur peut donc se demander ce qui se passe derrière les volets et les rideaux. […] Pour la passagère d’un train qui jette un oeil dans les maisons devant lesquelles elle passe, sa vision devient plus intime. C’est presque une invasion [que de regarder] les maisons des gens. On voit leur linge sale et plus ce qui est présenté en façade.»

La fille du train tient les cinéphiles en haleine dès le 7 octobre.

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