Le Journal de Montreal - Weekend

ANTOINE OLIVIER PILON

En écrivant le scénario de 1:54, Yan England était bien conscient qu’il lui fallait trouver la perle rare, soit un jeune acteur capable de jouer un rôle dramatique aussi exigeant et de porter le film sur ses épaules. Mais il avait déjà un nom en tête: Ant

- Maxime Demers Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

«J’ai écrit mon scénario en pensant à lui mais j’ai attendu qu’il soit vraiment terminé pour l’approcher, parce que je voulais absolument qu’il accepte, raconte Yan England.

«Je savais que c’était Antoine Olivier qu’il me fallait, même avant qu’il impression­ne tout le monde dans Mommy. C’est un acteur extrêmemen­t doué.»

Le choix a été payant. Antoine Olivier Pilon a raflé le prix du meilleur acteur il y a quelques semaines au Festival du film d’Angoulême, en France, grâce à son interpréta­tion d’un adolescent introverti victime d’intimidati­on.

L’acteur admet toutefois avoir eu quelques craintes en lisant le scénario de Yan England.

«J’ai tout de suite vu que c’était un rôle qui venait avec une très grosse responsabi­lité, admet Antoine Olivier Pilon.

«J’ai réfléchi pendant une semaine avant de lui donner une réponse parce qu’il y a certaines scènes avec lesquelles je n’étais pas très à l’aise. Ça me donnait un peu le vertige.»

L’acteur de 19 ans ne cache pas que le tournagede 1:54 a été exigeant pour lui. Tourner dans une école entouré par des centaines d’étudiants a notamment représenté undéfi de taille.

«C’était une phobie pour moi de travailler devant tant de personnes. Je l’ai su à la dernière minute. Je n’aime pas travailler avec autant de gens autour de moi. Jouer devant des milliers d’étudiants, ça prenait une concentrat­ion différente. Il fallait réussir à ne pas se laisser déconcentr­er. En y pensant, ça m’a peut-être aidé pour mon personnage. Tim est beaucoup dans sa bulle et c’est ce que je devais faire aussi pour jouer ces scènes.»

Ce n’est pas la première fois qu’Antoine Olivier Pilon incarne à l’écran un adolescent victime d’intimidati­on. Il l’avait fait déjà dans le controvers­é clip d’Indochine College Boy, réalisé par Xavier Dolan.

«Je connais assez bien le sujet parce que je me suis fait intimider moi-même à l’école primaire (en Gaspésie) parce que je venais de la ville. Puis, quand on est revenu s’installer à Montréal avec ma famille, je me suis retrouvé de l’autre côté en me moquant inconsciem­ment de certaines personnes à l’école. C’est en y repensant plus tard que j’ai réalisé que c’était un sujet dont il fallait parler. J’ai eu la possibilit­é d’en parler par mon travail d’abord dans le clip d’Indochine, puis maintenant avec 1:54. Pour moi, c’est important de le faire.»

IL RÊVE DE JOUER LA COMÉDIE

Antoine Olivier Pilon a fait ses débuts au cinéma en 2011 aux côtés de Guillaume Lemay-Thivierge, Patrice Robitaille et Antoine Bertrandda­ns le film Frisson des collines. Son talent est rapidement remarqué par les producteur­s québécois et l’adolescent est rapidement recruté pour jouer le rôle principal du film familial Les Pee-Wee 3D, sorti en 2012.

Débute ensuite sa fructueuse collaborat­ion avec le cinéaste Xavier Dolan, un de ses bons amis. En 2013, il brille dans le clip College Boy après avoir joué un petit rôle dans Laurence Anyways. Puis en 2014, sa performanc­e bouleversa­nte dans Mommy fait sensation au Festival de Cannes, où le film de Dolan remporte le Prix du jury. Antoine Olivier Pilon attire désormais l’attention à l’extérieur de nos frontières, notamment en France où il a reçu quelques offres. Mais il garde les deux pieds sur terre.

«J’ai l’impression qu’il y a des gens qui m’apprécient en France. J’ai rencontré des agents après le succès de Mommy à Cannes. Récemment, j’ai un agent aux États-Unis et je travaille pour des auditions. On verra où ça me mène.»

Pour l’heure, Antoine Olivier Pilon avoue avoir le goût de jouer des rôles moins dramatique­s que ceux de Mommy et 1:54.

«J’aurais le goût de jouer une comédie! Parce que mine de rien, un rôle aussi intense que celui de 1:54 laisse des marques. On peut être habité par le personnage pendant des semaines. Ma mère est bien placée pour en parler parce que quand je revenais après une journée de tournage, je m’isolais et je m’enfermais dans ma chambre. Je vivais un peu ce que le personnage vivait dans le film et ça peut être difficile. Là, j’ai envie de montrer aux gens que je peux faire autre chose que les faire brailler! C’est mon prochain défi.»

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SAMEDI 1ER OCTOBRE 2016 PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY

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