Le Journal de Montreal - Weekend
Triompher de L’ADVERSITÉ
Avec toute l’humanité et la poésie qui la caractérisent, Mira Nair livre un long métrage inspirant avec Queen of Katwe, sujet tiré d’une histoire vraie.
Phiona Mutesi (Madina Nalwanga) a 10 ans et habite dans le bidonville de Katwe, situé à Kampala en Ouganda. Sa mère, Nakku Harriet (Lupita Nyong’o, oscarisée pour Esclave pendant 12 ans) est trop pauvre pour l’envoyer à l’école et la fillette vend donc du maïs dans les rues de la capitale du pays.
JOUEUSE D’ÉCHECS
Elle découvre le club d’échecs mis en place par Robert Katende (David Oyelowo) dans un bâtiment abandonné et dont les activités sont maintenues par l’Église. Là, Phiona, naturellement douée, découvre ce jeu qui demande patience, concentration, stratégie et planification, autant de qualités dont Robert Katende ne manque pas de souligner l’importance dans la vie.
Petit à petit, la fillette – le film la suit sur une période de cinq ans – prend de l’assurance et son mentor s’aperçoit de son incroyable don – Phiona est capable d’anticiper dix coups d’avance, une capacité qu’ont les plus grands – et décide de tout faire pour lui permettre de concourir à l’échelle nationale, puis internationale.
Le choix de Mira Nair pour diriger ce Queen of Katwe sorti des studios Disney est à la fois surprenant et évident. Surprenant parce que les studios ont généralement l’habitude de faire dans le convenu et le très grand public, privilégiant des cinéastes grands publics pour livrer son message. Évident parce que Mira Nair, réalisatrice indienne de 58 ans habitant New York et nommée aux Oscars a livré le remarquable Salaam Bombay sur les enfants de la mégalopole indienne et les excellents Mississippi Masala et Monsoon Wedding en plus de sa relecture fascinante de The Namesake. Leur point commun? La beauté et la poésie de la vie malgré l’adversité. Le choix de Mira Nair est également évident parce qu’elle a vécu 20 ans en Ouganda et était donc la plus apte à faire découvrir ce pays aux Occidentaux.
CÔTÉ HUMAIN
L’humanité de la cinéaste transparaît dans chaque plan de Queen of Katwe, qu’elle examine le travail de Robert Katende auprès des enfants du bidonville, la manière dont Nakku Harriet surveille sa fille – et ses autres enfants – avec férocité, ou le fait que le succès monte à la tête de Phiona qui perd tous ses repères.
C’est du côté de la construction du scénario que le spectateur se perd un peu. Allers-retours et digressions (la soeur aînée de Phiona, par exemple ou encore la vie de famille de Katende) alourdissent ce Queen of Katwe qui aurait, en étant épuré, gagné en force. Néanmoins, ce long métrage de Mira Nair possède suffisamment d’éléments poétiques et inspirants pour justifier un visionnement familial avec vos préados au cinéma, le long métrage durant 124 minutes.
En salle dès maintenant.