Le Journal de Montreal - Weekend
LE CINÉMA EST UN JEU VIDÉO
Paru en DVD et en VSD cette semaine, Warcraft est la énième adaptation d’un jeu vidéo au cinéma, et tout
comme les Resident Evil, Street Fighter, Tomb Raider, Ratchet et Clank, Angry Birds et autres Mortal Kombat, cette production mercantile laisse à désirer. En revanche, à quelques occasions, le cinéma a ingénieusement exploité l’esthétique et la dynamique de ces jeux si populaires chez les ados. En voici quelques exemples.
3 TRON (1982)
Un ingénieur en électronique (Jeff Bridges, très solide) se retrouve à l’intérieur d’un ordinateur où il découvre un mini-monde surprenant.
Ce film visionnaire de Steven Lisberger (Le feu aux trousses) est conçu comme un immense jeu vidéo, son illustration reposant sur des procédés d’animation par ordinateur. Les acteurs se meuvent donc la plupart du temps dans des décors irréels dont la forme varie continuellement. En 2010, Joseph Kosinski (L’oubli) a réalisé une suite tout aussi remarquable, intitulée TRON – L’héritage, dans laquelle le fils du protagoniste du premier film pénètre à son tour dans cet univers virtuel pour le délivrer.
5 GAMER (2009)
Dans un futur proche, un condamné à mort devenu un personnage de jeu vidéo entreprend de s’évader de cet univers de réalité virtuelle pour retrouver sa famille.
Mark Neveldine et Brian Taylor (Crinqué) n’ont rien perdu de leur sens de l’image percutant et de leur goût pour la provocation. En revanche, il manque à cette illustration frénétique des dérives potentielles des divertissements de masse l’humour déjanté qui rendait supportables les excès de leur premier film. Gerard Butler (300, Les dieux d’Égypte) joue avec l’énergie requise le condamné piégé.
4 LES MONDES DE RALPH (2012)
Las d’être un vilain de jeu vidéo, Ralph part à la conquête d’une médaille de héros dans un autre jeu, bouleversant du coup l’univers des arcades.
Dans cet amusant film d’animation, la description de chaque univers virtuel, du plus désuet au plus avant-gardiste, a inspiré de savoureux clins d’oeil à l’intention des fanatiques de la manette et du «joystick». Les péripéties s’enchaînent à vive allure, dans une mise en scène solide de Rich Moore (The Simpsons, Futurama). La voix rassurante du débonnaire John C. Reilly (en version originale) contribue à rendre fort attachant ce colosse mal léché de Ralph.
4 HOSTILE (2016)
Miraculeusement revenu d’entre les morts, un cyborg amnésique et muet doit retrouver sa compagne, déjouer ses poursuivants et sauver le monde. Le tout, en moins de 24 heures.
Ce thriller hypercaféiné, entièrement tourné en caméra subjective par le nouveau venu Ilya Naishuller, s’inspire de l’univers des jeux vidéo pour plonger le spectateur au coeur de l’action, en le mettant à la place même de son héros. À la fois déjanté, astucieux, gore et sexiste, l’ensemble fascine et amuse, mais finit par épuiser. À l’image du jeu extravagant de Sharlto Copley (Elysium), qui défend une multitude de rôles.