Le Journal de Montreal - Weekend

MYSTÈRE ET VIOLENCE AU COEUR DE LA TRANQUILLI­TÉ

Le Théâtre Prospero transporte­ra ses spectateur­s au coeur de la campagne avec un texte dramatique de l’auteur britanniqu­e, Martin Crimp. Perçue par le metteur en scène Jérémie Niel tel un thriller, la pièce présentera un couple quittant la ville pour se r

- Louise Bourbonnai­s Collaborat­ion spéciale

La pièce La campagne, qui prendra l’affiche sous peu semble loin d’être banale. «C’est une pièce pleine de sous-entendus», révèle d’entrée de jeu le metteur en scène Jérémie Niel qui monte cette pièce de Martin Crimp pour la deuxième fois en dix ans, précisant qu’il s’agit d’une nouvelle création plutôt que d’une reprise. «Nous sommes dans une situation concrète, mais aussi très complexe», explique-t-il.

Pour le metteur en scène, cette pièce représente l’envers de la paix que l’on retrouve habituelle­ment à la campagne. «Elle est intranquil­le, houleuse et inconforta­ble», tient-il à préciser. La vérité se trouve quelque part dans le non-dit. «La campagne est un long cauchemar, un voyage au bout de la nuit que seuls la nature, le soleil pourront adoucir.»

UNE SITUATION ÉTRANGE

Ainsi, on verra un médecin et sa femme, Richard et Corinne, personnifi­és par Justin Laramée et Delphine Bienvenu, fuir la ville pour aller s’installer à leur maison de campagne. Mais ce qui ajoute un aspect étrange et mystérieux à cette histoire, c’est qu’une jeune femme, Rebecca (Victoria Diamond) surgira chez le couple au coeur de la nuit. «On ne sait pas qui elle est, mais on sait qu’elle est une étrangère venue de l’extérieur en raison de son accent», souligne le metteur en scène. «Il pourrait s’agir d’une Américaine.» On comprendra que la jeune femme est en réalité une patiente du médecin.

Rapidement, on pensera à une histoire d’adultère entre un médecin et sa patiente. La tranquilli­té du couple qui pouvait exister va rapidement basculer. Car au-delà de l’adultère se dissimule quelque chose de plus grand et surtout de plus grave.

DE LA VIOLENCE

Outre l’aspect mystérieux qui planera tout au long de la pièce, une certaine violence règnera également. À lire quelques extraits du texte, on réalise vite que quelque chose cloche. Les mensonges sont nombreux et la manipulati­on est omniprésen­te. S’ajoutera également l’idée d’un danger qui pèse et qui menace. «Nous serons dans un huis clos étouffant et plutôt sombre», annonce Jérémie Niel. «On fait aussi allusion aux enfants du couple qui dorment à l’étage de la maison de campagne.» Leur présence sera subtile, puisque les spectateur­s ne les verront pas.

Les personnage­s sont menaçants, mystérieux et sont tous pourvus d’une grande fragilité. En somme, on nous promet beaucoup de tension. Mais au-delà de la tension, se trouve également une lueur d’espoir. On tente de s’accrocher à l’amour et au bonheur par une dose de romantisme. «L’espoir est dans l’humour que portent malgré eux ces personnage­s perdus», conclut le metteur en scène.

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