Le Journal de Montreal - Weekend
DANIEL AUTEUIL, UN GRAND DU CINÉMA FRANÇAIS
Dans Au nom de ma fille, paru en DVD et en VSD mardi, Daniel Auteuil est poignant en père aimant transformé en justicier opiniâtre. Une performance riche et accomplie qui vient s’ajouter à ces cinq autres, tout aussi relevées.
MANON DES SOURCES (1986)
Une sauvageonne (irrésistible Emmanuelle Béart) se venge des fermiers qui ont causé la mort de son père.
Alors connu pour ses comédies à la Sous-doués, Daniel Auteuil révèle ses dons dramatiques dans cette suite magistrale de Jean de Florette, réalisée par Claude Berri d’après Marcel Pagnol. L’acteur confère à son personnage d’Ugolin, amoureux transi de Manon, des accents tragiques bouleversants.
UN COEUR EN HIVER (1992)
Engagée dans une liaison avec un luthier, une jeune violoniste s’éprend follement du collègue de celui-ci.
Après Quelques jours avec moi en 1987, Claude Sautet (Les
choses de la vie) dirige de nouveau Daniel Auteuil en artiste douloureusement coupé de ses sentiments, face à une Emmanuelle Béart plus émouvante que jamais. Dans sa mise en scène feutrée, Sautet démontre une maîtrise discrète, mais incontestable, du langage et des moyens cinématographiques.
LA REINE MARGOT (1993)3
En 1572, à Paris, après le mariage de la soeur du roi Charles IX avec Henri de Navarre, les extrémistes papistes se livrent au massacre des protestants durant la nuit de la Saint-Barthélemy.
Daniel Auteuil est brillant dans le rôle du futur Henri IV, aux côtés de la fiévreuse Isabelle Adjani dans celui de la capricieuse reine du titre. Réglés avec la virtuosité d’un maître de ballet, les enchaînements, les ruptures de ton et les mouvements de foule de cette adaptation puissante du roman d’Alexandre Dumas trahissent le passé d’homme de théâtre du regretté Patrice Chéreau.
LA SÉPARATION (1994)
Les rapports entre deux époux s’enveniment de jour en jour après que le mari a découvert que sa femme aime un autre homme.
Rarement un sujet aussi exploré que la crise d’un couple aura été scanné avec une telle acuité et avec une justesse de ton aussi contemporaine. Christian Vincent (L’Hermine) scrute subtilement les moindres vibrations de deux âmes ébranlées dans leurs certitudes, incarnées avec un formidable talent par Daniel Auteuil et Isabelle Huppert.
CACHÉ (2005)
Un animateur de télé reçoit de mystérieuses cassettes vidéo qui l’amènent à déterrer un souvenir douloureux de son passé.
Au fil de ce suspense psychologique tordu dont il a le secret, Michael Haneke (Funny Games,
La pianiste) nous fait lentement pénétrer dans la spirale infernale de la conscience d’un homme (Auteuil, intense et nuancé), à travers une réflexion fascinante sur les apparences et notre rapport aux images filmées. D’une subtilité hors du commun.