Le Journal de Montreal - Weekend
UN RÔLE DE TRANSITION POURSophie Nélisse
Sophie Nélisse joue un des rôles les plus mûrs et complexes de sa jeune carrière dans le thriller anglophone Rêves noirs, qui prend l’affiche au Québec après avoir été présenté avec succès à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, en mai dernier.
Dans ce suspense noir réalisé par le cinéaste canadien-anglais Nathan Morlando, Sophie Nélisse se glisse dans la peau d’une adolescente qui cohabite avec un père violent et alcoolique (joué par l’acteur américain Bill Paxton). Après avoir découvert que son père était impliqué dans une affaire de trafic de drogue, elle décidera de s’enfuir avec son jeune voisin (Josh Wiggins), dont elle est tombée amoureuse.
Le film a été tourné dans le nord de l’Ontario, à l’automne 2015.
«Je trouvais que c’était un beau rôle de transition pour moi, explique Sophie Nélisse en entrevue au Journal.
«J’étais à un moment où je ne voulais pas nécessairement rejouer un rôle de 12-14 ans, mais je ne voulais pas non plus faire des rôles super trash avec des scènes de sexe. C’est une transition difficile à faire et je trouvais que ce rôle-là (dans Rêves noirs) était exactement ce qu’il me fallait à ce moment-là. C’est un beau rôle, très mature.
«C’est aussi une histoire intéressante parce que ce sont des jeunes qui ont un bon coeur et qui se retrouvent à devoir prendre des décisions immorales et insensées, mais ils le font pour leur bien. On est loin des histoires classiques sur l’adolescence.»
BELLE CHIMIE
L’actrice québécoise de 16 ans confie avoir eu un coup de coeur professionnel pour le jeune acteur américain Josh Wiggins, qui joue à ses côtés dans le film. «Je l’ai rencontré pendant les auditions pour le film, à Los Angeles, relate Sophie Nélisse. «Il restait trois filles et deux gars pour les deux rôles principaux et le réalisateur a fait des essais avec les différents duos possibles pour tester la chimie. Je me suis bien entendu avec les deux gars, mais ils avaient chacun des approches différentes dans leur style de jeu. «Josh était plus mûr et, honnêtement, incroyable comme acteur. C’est la première fois que je me sentais en compétition en jouant avec un acteur de mon âge. Il m’épatait quand il jouait et je me sentais mauvaise à côté de lui. Il est vraiment bon. C’est le meilleur acteur de mon âge que j’ai croisé jusqu’à maintenant. On a retrouvé la même attitude sur le plateau de tournage.» Rêves noirs a permis à Sophie Nélisse de vivre sa toute première expérience au Festival de Cannes en mai dernier, alors que le film a été présenté en première à la Quinzaine des réalisateurs. Elle en garde un souvenir précieux:
«C’était magique de voir le film pour la première fois à Cannes et on a eu deux ovations en plus!», se réjouit-elle.
BIEN CHOISIR
Très occupée par les temps qui courent – on peut la voir dans 1:54 et elle vient de tourner dans Et au pire, on se mariera, le prochain film de Léa Pool – Sophie Nélisse se dit consciente de l’importance de bien choisir ses rôles à ce moment-ci de sa jeune carrière.
«C’est important pour moi de ne pas refaire les mêmes rôles deux fois, dit l’actrice découverte il y a cinq ans dans Monsieur Lazhar. Dans Et au pire, on se mariera, par exemple, il y a quelques scènes de sexe. Je m’étais fait proposer un rôle dans un autre film avec beaucoup de scènes de sexe, mais je n’ai pas voulu le faire. Je préférais y aller progressivement. J’essaie toujours aussi d’accepter des rôles qui me touchent et qui racontent des histoires qui disent quelque chose. Je fais attention de bien choisir.» Et quel type de rôle rêve-t-elle de jouer? «J’aimerais jouer dans une comédie parce que j’en ai encore jamais fait, répond-elle sans hésiter. J’aimerais aussi jouer un rôle très dur comme une personne handicapée, par exemple. Les personnages de films d’action comme Hunger Games ou Harry Potter m’intéressent beaucoup aussi.» Rêves noirs (Mean Dreams) a pris l’affiche hier.
Bill Paxton, Sophie Nélisse et Josh Wiggins se livrent à un jeu du chat et de la souris sans surprise.
Quelque part dans une région rurale du Canada, Wayne Caraway (Bill Paxton, inquiétant à souhait) arrive dans une maison avec sa fille Casey (Sophie Nélisse). Dans une ferme voisine, Jonas (Josh Wiggins), 15 ans, ne tarde pas à se lier d’amitié avec la nouvelle venue.
Mais l’ombre de Wayne, père menaçant s’il en est, plane sur l’amitié naissante des deux jeunes. La situation dégénère rapidement – et l’on en apprend plus sur le passé des adolescents – au point que Wayne, qui est aussi flic, s’en prend physiquement à Jonas.
Une nuit, Jonas, caché dans le camion de Wayne, est témoin de meurtres et d’un vol – un million de dollars – perpétré par le policier. Il voit dans cette somme d’argent une planche de salut pour Casey, à qui il propose de partir avec lui, ce qu’accepte la jeune fille, battue par son père depuis la mort de sa mère. Commence alors une cavale, les deux adolescents tentant de fuir Wayne et son ami flic (Colm Feore).
Les scénaristes Kevin Coughlin et Ryan Grassby ainsi que le réalisateur Nathan Morlando prennent leur temps pour fixer les personnages. Wayne se dévoile peu à peu comme le salaud qu’il est, alcoolique violent qui a commencé à agresser sa fille après la mort de sa femme. Jonas, lui, ne subit pas le même traitement que Casey, mais il n’est pas heureux non plus. Son père (Joe Cobden) l’a fait décrocher de l’école afin de l’aider sur la ferme et sa mère (Vickie Papavs) est complètement dépressive.
Visiblement amoureux des paysages dans lesquels il filme, Nathan Morlando s’assure d’utiliser la nature ambiante, les champs et les sous-bois pour rendre le tout lourd. La musique, hyper présente – trop? –, est aussi là pour générer un suspense, d’autant plus artificiel qu’on connaît la fin d’avance.
En 108 minutes, Rêves noirs n’apporte pas grand-chose, si ce n’est le constat que ce long métrage est parfaitement regardable en format numérique.