Le Journal de Montreal - Weekend
UN ROAD MOVIE RURAL
Qui aurait pu croire qu’un film évoquant le voyage d’un homme et de sa vache connaîtrait un si grand succès au box-office français? C’est pourtant ce qui est arrivé avec la charmante comédie La vache, qui arrive sur nos écrans en fin de semaine après avoi
Réalisé par Mohamed Hamidi, La vache raconte l’histoire drôle et touchante de Fatah (Fatsah Bouyahmed), un paysan algérien qui rêve depuis toujours d’amener sa vache Jacqueline au Salon de l’agriculture de Paris. Le jour où il reçoit enfin une invitation pour y aller, il décide de faire le voyage en bateau jusqu’à Marseille pour ensuite parcourir toute la France jusqu’à Paris en marchant aux côtés de sa vache.
De passage à Montréal la semaine dernière à l’occasion de la sortie québécoise de La vache, l’acteur (et coscénariste) Fatsah Bouyahmed s’est dit lui-même encore étonné du succès qu’a connu ce road movie rural à sa sortie en France, l’hiver dernier.
«J’ai été très surpris par ce succès parce qu’il y a beaucoup de films qui sortent en France chaque mercredi, déclare-t-il. Mais visiblement, le film a parlé aux gens, surtout en région où il a encore plus marché que dans les grandes villes. C’est un succès inattendu qui nous a rendus très heureux.»
À travers le parcours du personnage de Fatah, La vache traite du problème de l’immigration, un sujet chaud en France depuis quelques années. Mais contrairement à la plupart des autres films qui ont abordé la question récemment (dont le Dheepan de Jacques Audiard), La vache le fait sur le ton de la comédie.
«Le film ne tire pas sur la corde négative, explique Fatsah Bouyahmed. Ça reste très positif. Et finalement, je suis convaincu que c’est un film sur la France, à travers le regard d’un personnage d’immigré.
«Et ce personnage, c’est un peu mon père. Il représente cette génération d’immigrés qui ne voulait surtout pas se faire remarquer parce qu’ils se rendaient compte de la chance qu’ils avaient d’aller vivre en France.»
PETITS RÔLES POUR GRANDS ACTEURS
Si Fatsah Bouyahmed est la vedette principale du film, quelques acteurs beaucoup plus connus que lui ont accepté de participer à l’aventure en jouant de petits rôles. C’est le cas du populaire humoriste Jamel Debbouze, mais aussi du réputé acteur Lambert Wilson.
«On ne connaissait pas du tout Lambert quand on l’a approché, mais il a accepté à la lecture du scénario. On a eu beaucoup de chance parce que c’est un très grand acteur.
«Dans le cas de Jamel, c’est un bon copain à nous. Et il connaissait déjà ce personnage puisque je le joue avec lui sur scène depuis des années.»
TOURNER AVEC UN BOVIN
Sur le plateau de tournage du film, Fatsah Bouyahmed a forcément passé beaucoup de temps en compagnie de son principal compagnon de jeu, la fameuse vache. En fait, deux vaches ont été utilisées pour le rôle de Jacqueline: une pour la portion de tournage au Maroc et une autre pour le tournage en France. C’est cette dernière que Fatsah Bouyahmed a le plus côtoyée.
«J’ai appris à m’occuper d’une vache sur ce plateau de tournage, dit le comédien en riant.
«On a beaucoup marché ensemble. Je me suis occupé d’elle pour qu’elle apprenne à me côtoyer et que je devienne une référence humaine pour elle. C’est un animal qui a très peur, alors elle a besoin qu’on la rassure. J’ai été très surpris de voir qu’elle me reconnaissait quand je l’ai revue quelques mois après le tournage, à la première du film au Festival de l’Alpe d’Huez, en France. En me voyant, elle est venue poser sa tête sur moi, ce qui est un acte de confiance.» Le film La vache a pris l’affiche hier.
Après La famille Bélier, voici – dans un genre beaucoup moins percutant – La vache, réalisé et coécrit par Mohamed Hamidi (Né quelque part) avec Fatsah Bouyahmed, Lambert Wilson et Jamel Debbouze.
Dans un petit village d’Algérie, Fatah (Fatsah Bouyahmed) est un paysan comme les autres, à peu de choses près. Car ce francophile – qui insiste pour que ses filles apprennent le plus de mots dans la langue de Molière et qui chante du Vanessa Paradis en labourant son champ – possède une vache prénommée Jacqueline. Le bovin est la prunelle de ses yeux, et Fatah est ravi lorsqu’il reçoit une lettre l’invitant à le présenter au Salon de l’agriculture.
L’événement se tient à Paris et tout le village décide de l’aider à payer les frais du voyage, qu’il décide d’effectuer à pied, faute de moyens. En remontant la France (il débarque à Marseille), Fatah effectuera des rencontres mémorables.
NAÏVETÉ ET OPTIMISME
Ce qui frappe dès les premiers dialogues de La vache, c’est le mélange de naïveté et d’optimiste qui caractérise le personnage principal. Toujours prêt à voir le meilleur côté des choses et enthousiaste de nature, Fatah pose un regard émerveillé sur le monde, ce qui plonge d’emblée le spectateur dans un environ- nement rafraîchissant. Loin d’être mièvre, le scénario pourtant rocambolesque est si bien mené qu’on ne peut s’empêcher de suivre avec intérêt et émotion le parcours de ce héros malgré lui.
Car Fatah, avec ses mésaventures diverses – jamais graves, juste amusantes – va se retrouver à devenir une star d’internet (une vidéo de lui devient virale) et le public va suivre son périple et prendra fait et cause pour lui jusqu’au dénouement… heureux, cela va de soi. Par ailleurs, Lambert Wilson en comte et Jamel Debbouze en beau-frère sont des personnages secondaires bien satisfaisants.
Sympathique long métrage, La vache s’apprécie donc en famille ou entre amis et laisse un sourire aux lèvres pendant plusieurs heures après la projection.