Le Journal de Montreal - Weekend
LA MUSIQUE DANS LE SANG
Bien que leur premier album n’ait été lancé qu’il y a un an et demi, Erik et Sonny Caouette, membres du duo 2Frères, n’en sont pas à leurs premières armes dans le milieu de la musique. En effet, ceux qui ont été happés par un succès fulgurant, au cours de
Leur exploit est impressionnant. Encore inconnus du grand public, il y a de cela quelques mois, les musiciens originaires du village de Chapais, dans le Nord-du-Québec, ont réussi à écouler 80 000 exemplaires de leur premier album et à devenir les artistes francophones les plus diffusés au pays, à l’heure actuelle.
Demain soir, alors qu’ils prendront part à leur premier Gala de l’ADISQ, leur nom sera mentionné dans cinq catégories: album pop, album meilleur vendeur, groupe ou duo, révélation et chanson de l’année (Nous autres).
«Nous avons toujours caressé le rêve d’être des artistes reconnus», nous a dit Sonny, 26 ans, au cours d’une rencontre avec Le Journal.
«Cependant, nous ne réalisons pas, encore aujourd’hui, à quel point nos vies ont changé, a souligné Erik, qui est de deux ans son aîné. Ça peut paraître étrange, mais je crois que c’est parce que dans nos vies personnelles, rien n’a vraiment changé.»
«C’est correct, aussi, car ça va nous permettre d’en profiter plus longtemps, a ajouté son frangin. Chaque jour, nous sommes encore surpris par ce qui nous arrive.»
LE TOUT POUR LE TOUT
Ayant grandi dans une famille de musiciens (leurs parents étaient dans un groupe), Erik et Sonny ont développé leur passion pour la musique avant l’adolescence. Erik, qui chantait déjà à l’âge de 8 ans, avait 13 ans lorsqu’il a appris la guitare. Son frère, alors âgé de 11 ans, a appris à en jouer au même moment. On peut d’ailleurs dire que c’est à cette époque que le projet 2Frères a pris forme.
«Nos parents nous ont toujours appuyés à 200 %, mais ils nous ont bien dit que faire de la musique, c’était un métier incertain, a expliqué Sonny, précisant que ce sont ces derniers qui ont tenu à ce que leurs rejetons obtiennent leurs diplômes d’études secondaires. Nous étions bien d’accord avec eux.»
Malgré tout, les jeunes hommes qui ont grandi au son d’artistes qu’ils admirent comme Lynda Lemay, Patrick Norman, Beau Dommage, Les Colocs et François Pérusse n’ont jamais eu de plan B.
«Quand les gens nous demandent ce que nous ferions si nous ne faisions pas de la musique, je ne sais jamais quoi répondre, car je n’y ai jamais pensé, a expliqué Erik. Je crois que c’est un peu pour cette raison que nous sommes encore là, aujourd’hui. Si j’avais pensé à exercer un autre métier, je l’aurais peut-être choisi déjà. Quand tu ne sais pas quoi faire d’autre, ça te pousse à continuer, à ne pas abandonner.»
SACRIFICES
Le succès n’a donc pas été instantané pour le duo qui, après avoir pris part à ses premiers festivals, en 2007, a décidé de quitter le nid familial pour s’installer dans les Cantons-de-l’Est. «Quand nous avons déménagé à Magog, à nos débuts, ma mère venait nous visiter et elle trouvait que nous faisions pitié», a confié Erik.
«Elle partait de chez nous en pleurant, a ajouté Sonny. Nous restions dans un taudis; nous faisions affaire avec la banque alimentaire... Il y avait du moisi sur notre pain. C’était dur pour notre mère de voir ça.»
Ce n’est qu’après avoir déniché un boulot dans une cabane à sucre, où ils étaient à la fois chansonniers et animateurs, lorsqu’ils ne «désentaillaient» pas les arbres, que le duo a pu reprendre le dessus.
«Nous avons commencé à vivre de la musique en jouant les chansons des autres, dans les bars, nous a dit Sonny. Nous avons fait cela durant six ans.»
MARIO
Mario Pelchat, producteur du premier disque de 2Frères, est entré dans leur vie
un peu par hasard, après que sa bellesoeur (une connaissance de la famille Caouette) lui a fait entendre la chanson
Casseroles et clairons, lors d’une réunion de famille. C’était en 2012.
«C’était risqué de produire un album. Mario partait de loin avec nous, a souligné Erik. Il a choisi de sortir des extraits radio (trois, pour être plus précis), question de faire connaître notre nom, avant de lancer l’album. Nous autres, nous avions tellement hâte!»
Et à cette époque, pensaient-ils se retrouver à l’ADISQ aussi rapidement?
«Certainement pas, a dit Sonny. Avec l’équipe que nous avons, nous aurions pu espérer une nomination dans la catégorie révélation, mais un an plus tard, de nous retrouver en nomination dans cinq catégories, surtout dans le contexte actuel, c’est juste surréel.»