Le Journal de Montreal - Weekend
L’ULTIME LEGS DE GORD DOWNIE
Non content d’avoir livré une des meilleures parutions de The Tragically Hip en juin dernier, cette année avec Man Machine
Poem, le chanteur Gord Downie dévoile un cinquième album solo aussi ambitieux que contemporain. LE CÔTÉ SOMBRE DU TIMBIT
Disque accompagné d’un film animé diffusé sur les ondes de la CBC, ainsi que par une BD de Jeff Lemire inspirée d’une histoire de Downie, Secret Path retrace le parcours tragique de Chanie Wenjack, un jeune garçon ojibwé forcé de quitter sa réserve natale pour un pensionnat autochtone lié à l’église presbytérienne du Canada.
Pensez-y deux minutes: le leader d’un groupe canadien presque aussi emblématique que l’unifolié et Tim Hortons explore un épisode particulièrement honteux du «plus meilleur pays au monde», soit un «génocide culturel» (pour reprendre la conclusion d’un rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada publié cet été).
Bref, en plus de proposer une oeuvre concept multidisciplinaire, Downie livre ici un camouflet incroyablement d’actualité.
Mais est-ce bon? Oui. Très!
SORTEZ VOS MOUCHOIRS
Malgré le cancer qui l’assaille, Downie épate. Totalement en maîtrise, l’artiste peut se faire aussi vulnérable (The Stranger, qui ouvre l’oeuvre, en est un bel exemple) que grandiloquent (Here, Here, Here and Here, la conclusion funeste, en témoigne) pour tenir en haleine les mélomanes. Impossible de demeurer de glace, j’vous dis!
Bien que parfois trop polies, les mélodies mi-folk mi-rock pop et un brin électro éthéré, des réalisateurs Kevin Drew et Dave Hamelin siéent plutôt bien aux écrits du chanteur et poète.