Le Journal de Montreal - Weekend

UN GENRE SOUS-EXPLOITÉ

- Bruno Lapointe

Les films d’épouvante américains ont fait sonner la cagnotte tout l’été avec des titres tels que La Conjuratio­n 2 et Ne respire pas sur nos écrans. Pourtant, le cinéma québécois semble être plus réticent à produire des longs-métrages destinés aux amateurs de frissons et sensations fortes.

«J’ai toujours eu de la difficulté à trouver du financemen­t pour les films d’horreur. À l’époque, la SODEC n’a pas voulu financer Sur le seuil», raconte Nicole Robert productric­e chez Go Films, ajoutant qu’elle a été «parmi les premières» à produire des films d’horreur québécois. C’est le réalisateu­r Éric Tessier qui lui avait d’abord soumis le roman du même nom, signé Patrick Sénécal. Nicole Robert s’est alors initiée à l’univers glauque du romancier québécois, qu’elle allait revisiter plusieurs années plus tard avec un second film d’horreur: Les 7 jours du Talion. De son propre aveu, les projets flirtant avec l’épouvante sont «plus risqués». Mais dans ces deux cas, il s’agissait de risques calculés pour la productric­e.

«On part avec des romans qui ont marché, des histoires qui ont fait leurs preuves. Et les deux films ont été des succès, autant critiques que populaires», soutient-elle.

UNE PORTE D’ENTRÉE

Pour le cinéaste Daniel Roby, l’horreur lui a permis de faire ses armes; bien avant Louis Cyr et Funkytown, il nous a offert La Peau blanche en 2004. Dans son cas non plus, le financemen­t n’a pas été facile à obtenir. C’est finalement en visant un budget réduit qu’il a réussi à obtenir l’appui de Téléfilm Canada et de la SODEC afin de porter le roman de Joël Champetier à l’écran.

Ultimement, La Peau blanche n’a pas fait sonner la caisse lors de son passage dans les salles de cinéma, cumulant moins de 50 000 $ en recettes avant de quitter les écrans.

«On a échoué au box-office. Par contre, le film a fait la tournée des festivals et m’a permis de me faire connaître à travers le monde. C’est grâce à La Peau blanche que je fais carrière aujourd’hui», explique le cinéaste.

UN MARCHÉ CHANGEANT

La performanc­e décevante de La Peau blanche sur grand écran n’a donc pas marqué Daniel Roby au point qu’il fasse un trait sur le cinéma d’horreur; il se glissera derrière la caméra pour réaliser l’adaptation cinématogr­aphique du roman de Patrick Sénécal Hell.com, rebaptisé Welcome to H pour le cinéma. Il travailler­a sur ce projet avec la productric­e Nicole Robert.

«Les choses sont en train de changer pour les films de genre; la force que prend le festival Fantasia sur notre propre territoire nous aide beaucoup», avance-t-elle.

Il faudra tout de même attendre un bon moment avant que le premier tour de manivelle soit donné sur Welcome to H. Le scénario est complété, mais le projet a dû être laissé en suspens pour donner le temps à Daniel Roby de tourner ses deux prochains projets.

Le cinéaste dirigera Romain Duris en janvier prochain pour Dans la brume, avant d’entamer le tournage de Gut Instinct, mettant en vedette Josh Hartnett.

« L’horreur est parfois considérée comme un sous-genre et se retrouve alors boudée » – NICOLE ROBERT, PRODUCTRIC­E

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Daniel Roby

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