Le Journal de Montreal - Weekend

DESTIN TRAGIQUE…

- Isabelle Hontebeyri­e

Marguerite est l’illustrati­on parfaite des différence­s culturelle­s qui existent avec nos cousins de l’autre côté de l’Atlantique!

Au mois d’août dernier sortait Florence Foster Jenkins, avec Meryl Streep et Hugh Grant, une comédie dramatique de Stephen Frears qui racontait l’histoire de cette héritière à la voix de fausset, qui s’est pourtant produite à Carnegie Hall après la Seconde Guerre mondiale.

Vaguement inspiré de la même histoire, Maguerite, réalisé par Xavier Giannoli d’après un scénario coécrit avec Marcia Romano, met en scène l’excellente Catherine Frot dans le rôle de Marguerite Dumont.

Nous sommes en France, dans les années 1920, juste après la Première Guerre mondiale, dont le souvenir est encore vif dans tous les esprits. Dans un château, la baronne Dumont (Catherine Frot qui a reçu, avec raison, le César de la meilleure actrice pour sa prestation) donne un récital. Elle chante comme une casserole, mais personne ne le lui dit. Son majordome (Denis Mpunga) lui fait envoyer des fleurs comme s’ils venaient d’admirateur­s, et Georges, son mari (André Marcon) fait semblant d’avoir eu une panne de voiture afin de ne pas l’entendre. Par ailleurs, un journalist­e (Sylvain Dieuaide) et un dessinateu­r (Aubert Fenoy) feignent la pâmoison devant son talent, mais c’est pour mieux profiter de son immense fortune.

INCONFORTA­BLE

Le spectateur ne peut, au mieux, qu’avoir pitié de Marguerite – présentée comme une cervelle d’oiseau enfermée dans son mensonge –, au pire, que la mépriser comme le fait son époux et l’ensemble des personnes qui la côtoient. Et, alors que Stephen Frears traitait Florence Foster Jenkins comme une comédie dans laquelle on riait avec l’héroïne, Maguerite est une tragédie dans laquelle on rit de cette femme qui n’a, dans cette version, rien d’admirable, mais tout de ridicule.

Cet angle résolument cynique et dur – rire des autres, surtout à leurs dépens, n’a rien de bien sympathiqu­e – place également le spectateur dans une position hautement inconforta­ble pendant 127 trop longues minutes, celle d’avoir honte de et pour Marguerite.

Outre le jeu mémorable de Catherine Frot, quelques bons côtés visuels font un peu passer la pilule. Les costumes et les décors méritent une mention tant ils sont magnifique­s. Mais pour le reste…

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Catherine Frot a reçu le César de la meilleure actrice pour son rôle de la baronne Marguerite Dumont. PHOTO COURTOISIE

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