Le Journal de Montreal - Weekend

PLUS QU’UN FILM D’ADOS

Malgré le fait que le sujet – un jeune effectuant des apprentiss­ages de vie – n’a rien de nouveau, Prank, de Vincent Biron, parvient à apporter un éclairage original sur cette thématique.

- Isabelle Hontebeyri­e

Après avoir été présenté aux festivals de Venise et de Toronto et après avoir remporté le prix du public lors du Festival du nouveau cinéma (FNC) de Montréal, voici que Prank déboule en salles. Sous ce titre en anglais – une «prank» est une plaisanter­ie, un coup pendable – se cache l’histoire d’un jeune qui cherche son chemin.

Stefie (Etienne Galloy) est comme la majorité des adolescent­s. Il n’a rien d’exceptionn­el, passe pas mal de temps tout seul et joue de la clarinette. Alors qu’il est en train de passer un après-midi d’une banalité extrême, il se fait accoster par Martin (Alexandre Lavigne) et Jean-Sé (Simon Pigeon). Les deux amis lui demandent son aide pour filmer un coup qu’ils vont réaliser à l’épicerie du coin. L’un va se déguiser en chien et aboyer tandis que l’autre s’excusera auprès des clients du magasin pour le dérangemen­t.

Une fois ce coup pendable réalisé, Stefie fait partie de la gang qui comprend également Léa (Constance Massicotte), la petite amie de Martin. Ensemble, ils écument les lieux publics et rivalisent d’imaginatio­n pour mettre en place les plaisanter­ies les plus efficaces.

Certaines sont poétiques (un couple en pleine rupture se retrouve au milieu d’une pluie de confettis), d’autres bien amusantes (un homme en train de se masturber se fait lancer des poissons et souhaiter un joyeux Poisson d’avril) et d’autres, encore, sont typiquemen­t adolescent­es (des mannequins simulant un acte sexuel sont placés sur l’autel d’une église). Au travers de ces moments, le film explore les réalités de Stefie, la nécessité qu’il va avoir de s’affirmer face aux deux autres jeunes hommes ainsi (évidemment) que son attirance pour Léa.

SUJET PLUS PROFOND

Si la démarche – filmer des blagues – peut sembler gratuite, elle ne l’est pas. Chaque plaisanter­ie est l’occasion pour le quatuor – et donc le spectateur - d’explorer des sujets autrement plus profonds. Ainsi, la réaction de l’employé d’un magasin se faisant surprendre par l’un des jeunes alors qu’il vient de livrer un secret touchant de sa vie dépasse le cadre d’une blague facile, tout comme ce couple sortant de chez le vétérinair­e après une euthanasie.

Vincent Biron a également eu la bonne idée d’intercaler, un peu à la manière d’un fil d’Ariane, des commentair­es des jeunes sur des films avec JeanClaude Van Damme. Une scène, en particulie­r, attire l’attention, celle du visionneme­nt du Cheval de Turin par les ados, film devant lequel ils se mettent à parler de la Corée du Nord!

Si la finale est convenue et prévisible, Prank est comme King Dave de Podz (le long métrage vient de sortir en format DVD) ou comme 1:54 de Yan England (actuelleme­nt en salle), il brosse le portrait de cette jeune génération à la dérive qui finit par trouver ses propres repères en dépit de l’absence de références.

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Jean-Sé, Stefie, Martin et Léa font les quatre-cents coups.

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