Le Journal de Montreal - Weekend
FAIBLE ADAPTATION…
Les familles les plus banales cachent souvent les pires drames. Prenez les Levov dont l’histoire est racontée en flash-back, lors d’une réunion d’anciens d’une école secondaire.
À l’école, Seymour (Ewan McGregor) est un champion de football. Il rencontre Dawn (Jennifer Connelly), miss New Jersey et les deux jeunes gens tombent amoureux l’un de l’autre. Après des tractations particulièrement amusantes avec le père de Seymour – les Levov sont juifs – sur la religion dans laquelle sera élevé le futur enfant du couple, ils se marient et fondent une famille.
La petite Merry (Ocean James lorsqu’elle est petite, Dakota Fanning lorsqu’elle a 16 ans et plus) naît et la famille – Seymour s’occupe de la fabrique de gants de son père – est on ne peut plus heureuse, même si la fillette est bègue.
C’est à l’adolescence que les choses se corsent, mais Seymour se voile la face et ne veut absolument pas voir à quel point sa fille s’oriente sur une pente dangereuse.
C’est que le pays est en effervescence. Lyndon Johnson est président, la guerre du Vietnam fait rage, les émeutes raciales enflamment le pays, incluant la petite bourgade du New Jersey dans laquelle vivent les Levov. Merry est en pleine rébellion. Contre sa famille, digne représentante de la bourgeoisie aisée, contre son père, patron d’une usine qui emploie principalement des noirs, contre sa mère, ancienne reine de beauté qui élève des vaches, contre le gouvernement, responsable de massacres d’innocents vietnamiens, contre la vie en général. Puis, une nuit, elle commet l’irréparable en faisant sauter une bombe.
Tiré du roman de Philip Roth, traduit en français sous le titre Pastorale américaine, par le scénariste John Romano, le long-métrage – premier d’Ewan McGregor comme réalisateur – escamote de trop nombreux détails historiques de l’ouvrage.
MISE EN SCÈNE BANALE
En effet, American Pastoral ressemble à une succession de scènes qui n’ont que bien peu de choses en commun, le fil conducteur se perdant dès le départ tant le portrait de Seymour est celui d’un homme qui refuse de voir la réalité en face. Si la distribution est solide – on compte également Rupert Evans, Valorie Curry, Peter Riegert et Molly Parker -, la mise en scène est d’une banalité malheureuse. Autre point faible, les acteurs donnent parfois l’impression de ne pas trop savoir sur quel pied danser, Jennifer Connelly, notamment, ne parvient pas à se dégager du cliché de la femme au foyer qui cache son malheur pour le bien de sa famille pour donner du coffre à un personnage qu’on devine bien plus consistant dans le roman. À éviter.