Le Journal de Montreal - Weekend
PAR LA GRANDE PORTE
Geneviève Simard et Normand Daneau formaient un couple au moment de commencer à écrire The Disappearance en 2010. Scénariste pour plusieurs émissions jeunesse, comme Ramdam et Kif-kif, elle n’avait jamais démarré sa propre série. Comédien et homme de théâtre, il n’avait jamais signé de projet télé. Six ans plus tard, plus rien de tout cela n’est vrai.
Désormais séparés, les deux auteurs voient leur projet prendre forme cet automne. Et de quelle façon! Présentement en tournage, les six épisodes du drame psychologique seront diffusés simultanément à CTV et Super Écran en 2017. The Disappearance profite également des services du géant mondial NBCUniversal comme distributeur. «C’est surréaliste», commente Geneviève Simard en entrevue.
ANGOISSE PARENTALE
The Disappearance relate la disparition soudaine et inexpliquée d’un jeune garçon de 10 ans durant sa fête d’anniversaire. Suivra une enquête policière complexe et émotionnellement chargée durant laquelle plusieurs secrets familiaux profondément enfouis referont surface. Tournée en anglais, la série réunit Peter Coyote (E.T.), Aden Young (Rectify), Joanne Kelly et Camille Sullivan. Du côté québécois, Micheline Lanctôt et Kevin Parent campent un duo de détectives. Laurence Leboeuf, Judith Baribeau, Roc Lafortune et Catherine Bérubé apparaîtront aussi au générique. Geneviève Simard et Normand Daneau qualifient The Disappearance de «tragédie grecque contemporaine déguisée en thriller». «J’imagine que c’est né d’une angoisse parentale, déclare la scénariste. À l’époque, on venait d’avoir une fille. Elle était encore bébé. C’est quoi la pire affaire qui peut t’arriver après avoir donné la vie? Ce n’est pas que ton enfant meure. C’est qu’il disparaisse sans laisser de trace. Sans que tu saches ce qui est arrivé.»
EXPÉRIENCE CONCLUANTE
Mieux connu pour ses rôles dans La vie, la vie, Grande Ourse et Unité 9, Normand Daneau a assuré la mise en scène de plusieurs pièces de théâtre au fil du temps. Auteur à ses heures, il n’avait jamais tenté l’écriture télé avant The Disappearance. L’expérience s’est avérée concluante.
«Je suis comédien depuis longtemps, rappelle le diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Québec. J’ai lu des tonnes de scénarios. Je connais la mécanique. C’est un langage qui m’est familier. Sans compter que j’écoute beaucoup de séries.»
«Honnêtement, je trouve ça plus difficile d’écrire du théâtre parce que t’as des conventions plus complexes. En télé, tu peux changer de lieu quand tu veux. Pas au théâtre», poursuit le comédien.
LE LUXE DU TEMPS
Initialement, le projet du tandem devait être tourné en français. Mais après qu’une traduction des trois premiers épisodes a enthousiasmé les bonzes de Bell Media à Toronto, La disparition est officiellement devenue The Disappearance.
«C’est une histoire complexe parce qu’on avait du temps, dit Geneviève Simard. Étant donné qu’on était ensemble, on pouvait passer des journées à brainstormer, à réfléchir sur certains détails, à peaufiner des intrigues, à changer des choses, etc. C’est un luxe parce qu’au Québec, les auteurs doivent produire très rapidement.»
The Disappearance fera seulement l’objet d’une saison. Une chose était particulièrement importante aux yeux du duo: «Souvent, le problème au Québec, et partout ailleurs d’ailleurs, c’est qu’on prolonge des shows en fonction des cotes d’écoute. On demande toujours aux auteurs de prévoir des fins de saison ouvertes en cas de renouvèlement. Ça fait en sorte qu’on tue le show ou qu’on étire la sauce. C’est pour ça que j’aime les séries d’une seule saison. Ça permet d’aller beaucoup plus loin. Ça fait des oeuvres complètes. Plus complètes qu’en y allant à tâtons en espérant avoir une autre saison.»
SÉRIE LOURDE
En tournage depuis deux semaines à Boucherville, Montréal et Laval, The Disappearance est réalisé par Peter Stebbings. Le cinéaste canadien est entouré d’une équipe majoritairement québécoise comprenant entre autres Claudine Sauvé (direction photo) et Benoit Charest (musique).
«Tous les jours, je regarde les rush, pis j’me pince», avoue Geneviève Simard.
Cette dernière a même fait visiter le plateau de tournage à son père, un ancien sergent-détective qui servait de consultant durant l’écriture du scénario.
Habitué aux plateaux de séries télé, Normand Daneau a trouvé celui de The Disappearance, produit par Casablanca (Série noire, Les invincibles), particulièrement luxueux. L’équipe bénéficie d’ailleurs de neuf jours de tournage par épisode, alors qu’en 2016, une série dite «lourde» au Québec en compte habituellement six.
«J’avais l’impression d’être à l’époque de Grande Ourse, mais encore plus hot en termes de moyens, confie l’acteur. Ça fait du bien de voir ça.»