Le Journal de Montreal - Weekend
REPARTIR À ZÉRO... EN EUROPE
PARIS | Après plus de 20 ans de carrière, Alain Choquette avait besoin d’un nouveau défi. En 2014, le magicien a décidé de tout miser sur le marché européen. «J’avais le goût de recommencer à zéro, d’aller quelque part où personne ne me connaît», dit-il.
C’est une nouvelle aventure «sans stress» qu’Alain Choquette a amorcée à Paris, en 2014. «Je me disais: si ça marche, tant mieux. Sinon, je m’en reviens avec mon baluchon chez nous. Il n’y a pas de problème. Finalement, ç’a marché.»
Rencontré dans un café parisien devant le théâtre de la Gaîté-Montparnasse, où il a installé ses pénates, le magicien ne lance pas de paroles en l’air quant à son succès outre-mer.
À Paris, il remplit régulièrement le théâtre de 399 places du 14e arrondissement. Les foules sont encore plus imposantes lorsqu’il s’éloigne de la Ville Lumière.
Malgré tout, son arrivée à Paris en 2014 ne s’est pas effectuée sans risque financier. À mots couverts, le magicien admet qu’il est très coûteux de se lancer sans filet dans une telle aventure. Comment a-t-il pu se le permettre financièrement?
«J’avais des économies, mentionne-t-il. C’était un gros moment de folie, mais j’avais envie de me payer une aventure. J’ai toujours voulu venir ici. Je me disais que si je ne l’essayais pas, je ne le saurais jamais. J’ai toujours mis de l’argent de côté pour ça. Là, le timing était bon.»
Après avoir produit seul son spectacle à Paris, Alain Choquette a finalement pu compter sur le soutien du théâtre de la Gaîté-Montparnasse, avec qui il est devenu partenaire au bout de quelques mois à l’affiche.
SPECTACLE INTERACTIF
Le pari a fonctionné puisque les mois d’acharnement, les bonnes critiques et le bouche-à-oreille ont rempli ses salles. Comment explique-t-il que les spectateurs français accrochent à ce qu’il propose? Parce que pour l’une des premières fois, on leur offre un spectacle dans lequel ils se sentent impliqués, explique le magicien.
«L’interaction avec le public, ça n’existe pas chez eux, dit-il. Surtout à Paris, ça les surprend. Habituellement, ce sont des gens qui viennent au théâtre et qui ne sont pas sollicités. Le «quatrième mur» est presque toujours là. Quand je fais jouer les gens avec des cartes, c’est nouveau pour eux. Pourtant, je le faisais déjà au Québec dans mon premier show, en 1993. Mais ici, ils n’ont jamais vu ça.»
C’est donc un spectacle grandement interactif qu’Alain Choquette propose aux Européens. Peut-on dire qu’il s’agit d’un retour aux sources pour lui?
«Non, c’est simplement une recette qui marche, dit-il. Je l’ai toujours gardée. J’ai du fun à le faire et ç’a de l’impact. Pour le spectateur, il n’y a rien comme d’être dans ton siège et de faire un numéro avec tes mains.»
TOUCHER LE PUBLIC
Dans les années 1990, Alain Choquette a souvent proposé des numéros à grand déploiement. Cette fois-ci, pour son tour de piste européen, il a décidé d’emprunter une voie plus théâtrale, appuyé par l’auteur français Ludovic-Alexandre Vidal et le metteur en scène Bertrand Petit.
«Dans toutes les critiques que j’ai reçues ici, on parle de poésie dans mon spectacle, dit-il. [...] Le spectaculaire n’est pas nécessairement dans la dimension du numéro. Il y a des numéros qui marquent les gens avec presque rien. Je commence déjà à cogiter un deuxième spectacle pour le marché européen. Je suis dans cette dynamique de toucher le monde, de les émouvoir, les faire rire, pleurer, réfléchir.»
Ce prochain spectacle n’est toutefois pas sur le point d’être lancé. Alain Choquette indique qu’il espère plutôt atteindre les 1000 représentations européennes de Drôlement Alain Choquette. Au passage du Journal à Paris, le magicien en était à son 515e spectacle outre-mer.
UNE ANNÉE À LA FOIS
Quand on lui demande comment il entrevoit les prochaines années, Alain Choquette répond y aller une année à la fois.
«Tu ne sais jamais quand ça va arrêter. J’ai failli lâcher quand j’ai eu mon accident l’an dernier (voir autre texte). Je ne veux pas me faire des plans trop à l’avance et être déçu de ne pas les réaliser.»
Vivant une relation amoureuse à distance avec sa conjointe québécoise, Alain Choquette aimerait idéalement bien s’établir sur le marché européen, ce qui lui permettrait de n’y passer que quelques mois par année, pour des séries intensives de spectacles.
«Quand t’es bien établi, les gens te suivent, peu importe la date à laquelle tu es annoncé, dit-il. J’espère en arriver là. Ça va bien, car mes salles en tournée sont pleines.»