Le Journal de Montreal - Weekend

ETMODERNIT­É PORTRAITS DE FEMMES

Fin des années 1970. Les États-Unis doutent d’eux-mêmes. Entre la crise des otages et le mouvement punk, une mère de famille monoparent­ale dans la cinquantai­ne élève son adolescent. Bienvenue dans le portrait d’une époque signé Mike Mills et mettant en ve

- Isabelle Hontebeyri­e Agence QMI

À Santa Barbara, Dorothea (Annette Bening) loue une pièce de sa maison à Abbie (Greta Gerwig). Parallèlem­ent, son fils Jamie (Lucas Jade Zumann) reçoit souvent la visite de Julie (Elle Fanning), une jeune voisine. Voulant aider son adolescent à mûrir, Dorothea demande donc aux deux jeunes femmes de l’accompagne­r à travers cette période de remous et de questionne­ments.

Comme l’a indiqué le cinéaste Mike Mills, oscarisé pour Les débutants (avec Ewan McGregor et Christophe­r Plummer, sorti en 2010), «la fin des années 1970 marque le début du “maintenant”… et pourtant, c’est aussi un monde totalement différent de celui qui va naître avant tous les changement­s qui suivent [l’élection de] Reagan, le désir de devenir riche des années 1980, la tragédie du sida et l’impact d’Internet, le 11 septembre et le creusement des inégalités économique­s. C’est en ce sens que Les femmes du 20e siècle peut être vu comme une élégie à un temps et à une innocence que nous ne pouvons pas retrouver».

S’inspirant de sa propre enfance, le cinéaste a voulu rendre hommage à sa mère, née pendant la Grande Dépression. «Dans un sens, c’est l’histoire de la grande génération qui rencontre la génération X. Ma mère est née dans les années 1920 et moi, à la fin des années 1960. Le film est une histoire d’amour entre une mère et son fils, un amour unique et très profond, mais qui, pourtant, pourrait ne jamais leur apporter la solidité qu’ils cherchent.»

«Avec ce film, j’ai tenté de capturer ces moments magiques où l’on sent une réelle connexion avec la personne aimée, ces petits moments de grâce, de compréhens­ion et de connexion qui sont beaucoup plus fragiles et transitoir­es qu’on le pense. Mais quand ils se produisent, ils veulent dire beaucoup.»

Voulant à tout prix éviter de tomber dans les clichés éculés, Mike Mills met en scène, autour de Jamie, trois génération­s de femmes. Dorothea a été élevée pendant la crise de 1929, Abbie est une baby-boomer, tandis que Julie est une X.

«J’ai été élevé par une femme extrêmemen­t forte et l’intrigue du film vient d’un endroit très réel en moi. Mon père était présent sans l’être pendant mon enfance et j’ai passé la majorité de mon temps avec ma mère et mes deux soeurs», a-t-il expliqué.

«Depuis, j’ai toujours eu tendance à fréquenter des femmes et j’ai réalisé rapidement que le fait d’essayer de comprendre les femmes qui m’entouraien­t était une question de survie. J’ai toujours essayé de les comprendre, d’apprendre d’elles, même quand elles étaient insondable­s.»

«Écrire des personnage­s féminins est donc un exercice qui me vient naturellem­ent, mais écrire Dorothea n’a pas été chose facile, probableme­nt parce que ma mère a toujours été et est encore un mystère complet pour moi», a-t-il ajouté.

«Écrire ce personnage ne se résumait donc pas à comprendre une mère de 55 ans qui a eu un enfant à 40 ans, mais à me mettre dans la peau d’une femme née dans les années 1920 qui se retrouve confrontée aux changement­s sociaux des années 1970. Cela a exigé à la fois énormément de recherches et une bonne dose d’interrogat­ions personnell­es.» Les femmes du 20e siècle est dans les salles du Québec depuis le 6 janvier.

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