Le Journal de Montreal - Weekend
Le beau rôle de Steve Gagnon
Personnage détestable, déplaisant et particulièrement désagréable dans le téléroman L’Auberge du chien noir, le comédien Steve Gagnon dévoile des tonalités de jeu plus dramatiques dans la série Ruptures.
Le comédien originaire de Québec personnifie Michaël, le frère d’Ariane Beaumont, une avocate spécialisée en droit de la famille. Il s’agit, pour le jeune comédien, de son rôle le plus important à la télé, après des passages dans O’, Toute la vérité, Chabotte et fille et des présences épisodiques dans L’Auberge du chien noir.
Steve Gagnon était en voyage en Asie, en 2015, lorsqu’il a reçu un appel l’invitant à passer une audition pour le rôle de Michaël Beaumont. Mariloup Wolfe, qui a réalisé la première saison de Ruptures, souhaitait le voir en audition.
«J’étais au Vietnam et c’était impossible pour moi. Je tenais à ce personnage et nous nous sommes entendus pour que je tourne quelques scènes et que cela serve d’auditions. On a fait un petit set-up de bar et ma blonde les a tournées avec mon iPad. On a fait ça en trois heures et on m’a ensuite contacté pour me dire que j’avais le rôle», a-t-il raconté, lors d’un entretien.
Le comédien avoue que la sauce a pris rapidement sur le plateau de tournage en présence de Mélissa Désormeaux-Poulin, qui joue sa soeur, et Sylvie Léonard, qui personnifie sa mère.
«On ne choisit pas sa famille dans la vie, mais on peut l’organiser un peu à la télé. Mariloup a vu très juste dans la sélection des rôles. On s’est tout de suite senti très à l’aise et on a été surpris de voir à quel point ça fonctionnait. Nous nous sommes découvert, en nous côtoyant, de grandes familiarités et Mélissa et Sylvie sont devenues de grandes amies», a-t-il raconté.
YEUX BOUFFIS
Le personnage de Michaël Beaumont est présent dans les sous-intrigues des cas juridiques qui sont évoqués et où on plonge dans la vie personnelle de l’avocate Ariane Beaumont.
«Michaël est un gars assez maladroit et désorganisé dans ses choix et façons de vivre. Il a eu beaucoup d’aventures et des relations chaotiques, souvent avec des femmes mariées», a-t-il dit.
Steve Gagnon voulait aller au-delà des clichés du gars unidimensionnel qui «cruise» et qui baise tout ce qui bouge.
«Je voulais y ajouter une couche de grande sensibilité, d’humour, de curiosité et de tendresse afin de créer un équilibre et en faire quelqu’un avec qui on peut s’attacher. J’y ai mis du mien, même si je suis à des kilomètres de ce type de gars dans la vie de tous les jours», a-t-il mentionné.
Le comédien a eu des scènes fortes et intenses à jouer, il y a quelques semaines, lors du décès de Romane Labrie, l’ex d’un chef d’une organisation criminelle, interprétée par Bianca Gervais, de qui il était amoureux.
Des scènes, explique-t-il, qui ont été tournées, à travers d’autres scènes, dans une même journée. Des scènes tellement éprouvantes à jouer qu’il avoue avoir eu les yeux bouffis dans les quatre jours qui ont suivi le tournage.
«Il faut être préparé et arriver, en raison du rythme de tournage, avec une proposition qui est claire. Il y a une certaine pression et on ne peut pas se permettre de l’échapper. C’est difficile émotivement de plonger dans cette espèce d’état et on en reste imprégnés durant quelques jours», a-t-il raconté.
AGRANDIR SON TERRAIN DE JEU
Steve Gagnon a quitté Québec, il y a quelques années, pour s’installer à Montréal. Le jeune auteur, comédien et metteur en scène ressentait un besoin de rencontrer et développer de nouvelles complicités artistiques.
«J’avais aussi envie de faire plus de télé et du cinéma. J’avais envie d’agrandir mon terrain de jeu. Je suis toujours très attaché à Québec et j’ai toujours l’intention de venir y présenter mes nouvelles créations théâtrales. C’est quelque chose d’important pour moi», a indiqué l’auteur qui planche sur quelques projets de théâtre, dont une nouvelle création, et que l’on peut voir, jusqu’au 19 février, au Théâtre de Quat’Sous, à Montréal, dans la pièce Peer Gynt.
Ruptures est présentée les lundis à 21 h et L’Auberge du chien noir, les jeudis, à 20 h, sur les ondes d’ICI Radio-Canada.