Le Journal de Montreal - Weekend

SOUVENIRS DE VOYAGES

- Gilles Proulx Collaborat­ion spéciale

Vous vous imaginez bien que je portais un appareil-photo et non une carabine, pour ce safari. La faune est tellement nombreuse par ici que, la nuit, on entend un concert d’animaux. On se croirait en train d’écouter une trame sonore. On finit par trouver le sommeil quand même… mais on rêve que l’on est en Afrique. Le jour, c’est le chant des criquets qui est assourdiss­ant. Dans la plaine, il suffit de s’immobilise­r et de tendre l’oreille pour entendre l’agitation animalière continuell­e.

En seulement six jours de safari au Kenya, on peut être assuré de voir toutes sortes d’animaux: fauves, reptiles, hippopotam­es, oiseaux, antilopes. Si dans la jungle, on n’est pas toujours certain de trouver des gorilles, par exemple, dans la plaine, en revanche, les animaux sont partout! On m’a même déjà réveillé en pleine nuit pour me faire voir une attaque de lionne sur un impala. La chose est si fréquente que les guides sont capables de la «prévoir» en observant le manège du fauve qui subreptice­ment se rapproche de sa proie en rampant; quand l’attaque survient, tout va à la vitesse de l’éclair. Le spectacle d’une mise à mort par un lion est brutal, mais… je n’en ai jamais vu. Il y avait des carcasses de bêtes mangées un peu partout, mais, neuf fois sur dix, un peu comme un séducteur dans un bar, le prédateur rate son coup… la proie est extrêmemen­t rapide et lui file entre les pattes. Je n’ai donc assisté qu’à des poursuites infructueu­ses du point de vue du fauve, mais heureuses du point de vue de l’impala.

Pendant que je vous écris cette chronique, je me rends compte que j’ai envie de refaire un de ces safaris! J’en ai déjà vécu quatre dans autant de parcs nationaux en Afrique, mais j’y retournera­is pour me ressourcer, pour refaire le plein d’émotions et d’ébahisseme­nt et pour répondre aux caprices de ma lentille. Les chauffeurs connaissen­t si bien le terrain et les espèces qu’ils savent quand et où nous emmener pour nous les montrer; pendant que les animaux de la plaine sommeillen­t sous le soleil de midi, on se rend près des lacs où les éléphants ou les hippopotam­es prennent leur bain. Bien sûr, on se rend compte parfois que l’on dérange les espèces, et c’est dommage; mais en même temps, le tourisme photograph­ique finance la lutte contre le braconnage.

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