Le Journal de Montreal - Weekend
DANS LE COEUR DES IMPATIENTS
Des oeuvres d’artistes de renom comme Marc Séguin, Edmund Alleyn, Marcel Barbeau et Gabor Szilasi côtoieront des pièces créées par des personnes souffrant de problèmes de santé mentale dans le cadre de l’exposition-encan Parle-moi d’amour qui sera présent
C’est afin de découvrir ce qui a motivé cette alliance artistique qui, disons-le, n’a rien de banal que nous avons voulu visiter le coeur des Impatients, organisme à qui l’on doit cet événementbénéfice qui en est à sa 19e édition.
Situé sur la rue Sherbrooke, à Montréal, son centre administratif est également le théâtre de plusieurs ateliers dans lesquels des personnes souffrant de problèmes de santé mentale sont invitées à exercer leur créativité par le biais de différentes techniques liées aux arts visuels et à la musique.
«Les psychiatres nous réfèrent de plus en plus de participants», a souligné le directeur général des Impatients, Frédéric Palardy, qui se dit fier de la croissance enregistrée par l’organisme, au cours des cinq dernières années.
Rappelons que Les Impatients ont vu le jour il y a 25 ans dans un «sous-sol de centre d’achat», à Pointe-aux-Trembles. À l’époque, ils n’offraient qu’un seul atelier à 10 participants. Aujourd’hui, on compte 11 lieux d’ateliers (des projets sont aussi en développement dans cinq villes, à l’heure actuelle) auxquels pas moins de 600 personnes prennent part, chaque semaine.
VIE DE FAMILLE
Lors de notre visite chez Les Impatients, une quinzaine de personnes participaient à un atelier libre lors duquel elles étaient invitées à explorer, tout simplement. Les murs, ornés de dessins et de tableaux de tous genres, témoignaient de leur créativité.
«Ils font à peu près ce qu’ils veulent. Ils choisissent leur matériel et s’installent à leur place habituelle, nous a expliqué le responsable de l’atelier, Radu Christian Barca, qui oeuvre chez Les Impatients depuis plus de 12 ans. Ça, c’est une partie, mais ils échangent aussi avec les autres. Parfois, on mange, on chante... C’est un peu comme une vie de famille.»
Attention: chez Les Impatients, on mise d’abord et avant tout sur le rétablissement et l’intégration. On n’utilise pas l’art pour comprendre les symptômes des participants ou pour les traiter.
«Ici, nous faisons tout sauf de l’artthérapie, a indiqué Frédéric Palardy. Quand les gens arrivent dans nos ateliers, ce sont des personnes. Ce ne sont plus des malades. On ne leur pose aucune question sur leurs symptômes. Il n’y a pas de suivi.
«Le traitement, il se fait par la force des choses, par la création et par le sentiment de liberté qu’elle procure, a-til poursuivi. Les gens se sentent bien ici, ils ne se sentent pas jugés. Ils deviennent plus que les symptômes de leur maladie.»
TOUS ÉGAUX
Nous avons aussi eu la chance de discuter avec quelques-uns des participants de l’atelier, lors de cette visite. Notre constat: tous apprécient ce rendez-vous qui leur permet de briser l’isolement et d’évoluer dans un milieu dépourvu de jugement.
«Ça me console un peu, venir ici, car j’aurais aimé être professeur d’arts plastiques, nous a raconté Sylvie, qui fréquente les ateliers depuis 14 ans. Ça repose notre esprit. On trouve des façons de faire diminuer l’anxiété. On s’évade dans notre petit monde.»
«Mon objectif premier, en venant ici, c’était d’arrêter de m’isoler», nous a pour sa part expliqué Stéphanie, qui travaillait sur sa première toile, lors de notre rencontre.
«Tout le monde ici souffre d’un problème de santé mentale, a-t-elle ajouté. Peu importe lequel, on ne jugera pas. On ne sait même pas qui souffre de quoi. On est libre.»
Plus d’informations à l’adresse impatients.ca.