Le Journal de Montreal - Weekend
WEBSÉRIES DES SÉRIES À PART ENTIÈRE
On le dit souvent, notre façon de consommer la télévision, comme la vidéo, a terriblement évolué. Comme les séries se regardent de plus en plus sur le web, on pourrait croire que les webséries n’auront plus leur place. Bien au contraire, le format est en
Les webséries gagnent en qualité, continuent d’oser et répondent à des besoins bien différents des séries conventionnelles tant au niveau créatif que de consommation. «Les webséries explorent des genres qu’on retrouve moins à la télévision», explique Claire Dion, directrice générale adjointe du FIP, Fonds indépendant de production. «L’horreur fonctionne bien. La comédie est très populaire aussi dans un format web. La websérie rejoint un public plus jeune, diversifié, s’adapte au mobile donc peut être regardée à tout moment et en rafale. C’est un format qui n’est pas réglementé dans sa durée non plus et qui permet d’expérimenter.»
Les webséries assurent une relève à la scénarisation, la réalisation, le jeu. C’est une véritable pépinière de talents. Si jadis les webséries étaient produites par des boîtes spécialisées, les grands producteurs sont aussi présents dans la mêlée. «Elles permettent à des producteurs qui ont pignon sur rue d’expérimenter de nouveaux talents», poursuit Mme Dion.
Mais c’est aussi, pour d’autres artistes, une formule moins lourde pour s’exprimer dans un contexte où la télévision traditionnelle prend peut-être moins de risque.
UN MEILLEUR INVESTISSEMENT
Si le web permettait une démocratisation de la production, les séries qui nous sont offertes font preuve d’une grande qualité. On est loin des aventures «boboches» de bout de chandelle du début des années 2000. TV5, Tou.TV, Illico et un nouveau crédit d’impôt fédéral prouvent la valeur du genre et l’importance d’y injecter de l’argent.
Depuis 2010 le FIP investit dans les webséries de fiction à raison de 12 à 15 projets par année. Une comédie musicale en websérie vient d’ailleurs d’être tournée, preuve qu’il n’y a aucune limite à la créativité. Le CRTC semble aussi faire preuve d’ouverture. Mais comme le web est un immense terrain de jeu sans frontière, le défi de faire connaître ses séries reste de taille. «Il y a un problème de ‘‘découvrabilité’’», confirme Claire Dion. «En fiction, l’offre se multiplie. Et on consomme des productions d’un peu partout. Il faut les faire connaître. J’espère aussi que les webséries vont conserver leur nature. Aux États-Unis, on a rebaptisé websérie pour séries digitales. Pour faire moins cheap, disent les Américains. Mais les webséries d’aujourd’hui sont de qualité. Plusieurs ont un look cinématographique.»
Les webséries sont donc toujours un gage d’avenir. Et de présent aussi. Actuellement, vous voyez peut-être passer comme moi, sur votre page Facebook, les bandes-annonces de webséries de fiction qui espèrent un financement. Peut-être les webséries de demain… qui vous rendront accros en vous donnant accès à des univers glauques, gore, mordants, délirants et bien vivants!