Le Journal de Montreal - Weekend
CECI N’EST PAS UNE TÉLÉRÉALITÉ
Francis Reddy et Mylène Paquette insistent : La grande traversée n’est pas une téléréalité. Et pourtant, la prémisse de base du nouveau rendez-vous printanier de Radio-Canada rappelle beaucoup celles de Survivor, Big Brother et autres Vol 920.
En juin dernier, 10 passionnés d’aventure ont quitté La Rochelle pour refaire le voyage des premiers colons venus de France pour peupler l’Amérique. Entièrement filmé, leur périple de 55 jours en mer fait l’objet d’une série de 10 épisodes qui entre en ondes cette semaine. «Ce n’est pas une compétition, souligne Mylène Paquette. Il n’y a pas d’élimination. Personne n’est jeté pardessus bord après une semaine!»
«Ce n’est pas non plus un laboratoire humain, poursuit la navigatrice québécoise. La grande traversée vise à mettre en valeur ce que nos ancêtres ont fait. Ce n’est pas une émission qui met en valeur la chicane. Il n’y a pas de méchants, il n’y a pas de bons. S’il y a des scissions, c’est pour montrer les difficultés qu’ont rencontrées les premiers colons.»
De son côté, Francis Reddy met l’accent sur l’aspect pédagogique de l’émission. Au début de l’aventure, les participants se départissent d’ailleurs de tous leurs effets personnels (montres, bijoux, etc.) pour revêtir les habits du 17e siècle.
«La dimension historique et documentaire est présente durant toute la série, indique l’animateur. Le but, c’est de comprendre la réalité de l’époque à travers une reconstitution.»
BEAUCOUP D’ÉMOTIONS
Francis Reddy et Mylène Paquette ont passé près d’une semaine avec les 10 candidats à La Rochelle avant qu’ils prennent le large. Durant cette courte période de temps, les animateurs disent avoir tissé des liens avec chacun d’entre eux. Voilà pourquoi ils semblent très émotifs à l’écran quand ces derniers montent à bord du voilier.
«J’avais un peu l’impression de laisser aller mes enfants», déclare Francis Reddy.
Plus de 1200 personnes ont posé leur candidature pour vivre La grande traversée. Les heureux élus ont beaucoup impressionné Francis Reddy. «C’est une gang de gens très intelligents. Ils n’ont pas décidé de participer à l’émission pour se mettre en valeur. Ils voulaient comprendre des choses.»
Première femme nord-américaine ayant traversé l’Atlantique Nord à la rame en solitaire, un exploit qu’elle a réalisé en 2013, Mylène Paquette s’est reconnue dans plusieurs participants au cours des premiers jours de tournage. «Ils étaient un peu comme j’étais avant ma première traversée en 2009. Je pensais savoir exactement comment les choses allaient se passer… Leur naïveté me rappelait de beaux souvenirs.»
«Ils sont très attachants, ajoute la Montréalaise. On a tout de suite vu qu’ils participaient à l’émission pour les bonnes raisons.»
UNE PREMIÈRE
La grande traversée marque les débuts de Mylène Paquette comme animatrice télé. Cette dernière dit avoir été agréablement surprise de recevoir une telle offre l’été dernier. «C’était une chance inouïe, souligne-t-elle. Peut-être la seule que j’aurai. Je suis extrêmement privilégiée.»
La conférencière dit avoir apprécié les conseils de Francis Reddy, un habitué des coanimations, ayant piloté Des kiwis et des hommes avec plusieurs personnalités au fil des années. «Francis a été généreux et accessible, affirme-t-elle. Il m’a fait confiance. Il m’a dit de décrocher du texte de temps à autre.»
UNE SÉRIE D’ACTUALITÉ
Selon Francis Reddy, La grande traversée arrive à point, puisqu’elle sensibilisera le public québécois aux défis que doivent surmonter les migrants qui débarquent au Canada, un sujet qui défraie la chronique depuis quelques années.
«Les Français qui quittaient leur pays pour venir s’installer en Nouvelle-France le faisaient parce qu’ils étaient obligés, rappelle l’animateur. Ils n’avaient plus de job en France. Ils n’avaient plus rien à manger. Ils quittaient pour quelque chose de mieux. C’est un peu la même chose aujourd’hui. Les migrants quittent leur pays à cause d’une souffrance, pas parce qu’ils le veulent. Si cette émission pouvait provoquer une réflexion et favoriser l’empathie face aux nouveaux arrivants, ce serait une grande victoire.»